Après « L’Arche de Noé », il faut interdire le « Cé qu’è lainô »  !

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Ainsi, à en croire les médias romands, le Département de l’Instruction publique de Piogre-sur-Rhône ­– ce DIP qui fait plouf – a coulé L’Arche de Noé. Du moins, celui de Benjamin Britten, l’ouvrage construit par le patriarche du Premier Testament se trouvant, Dieu merci, hors de portée des ukases dipesques. (Photo: une scène de L’Arche de Noé jouée par des écoliers en France).

Le directeur de l’Orchestre de Chambre de Genève avait pour projet de faire participer les écoliers genevois de cinq à sept ans, à L’Arche de Noé de Benjamin Britten. Mais le Département de l’instruction public y a mis son véto. Motif : ces enfants auraient chanté des paroles trop connotées sur le plan religieux. Selon 20 Minutes, la Direction de l’enseignement obligatoire aurait estimé que ce projet serait contraire à l’article 3 de la nouvelle Constitution genevoise et même à l’article 15, alinéa 4 de la Constitution fédérale.

Que dit l’article 3 ?

1 L’Etat est laïque. Il observe une neutralité religieuse.

2 Il ne salarie ni ne subventionne aucune activité cultuelle.

3 Les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses.

En quoi, L’Arche de Noé , œuvre vocale d’un compositeur laïque, serait-il une « activité cultuelle » ? « Activité culturelle », certes, mais en aucun cas « cultuelle ». Pourtant, le DIP ne manque pas d’R !

Quant à l’article 15, alinéa 4, le voici :

Nul ne peut être contraint d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir, d’accomplir un acte religieux ou de suivre un enseignement religieux.

Ainsi, lorsque des élèves chantent, dans un contexte purement musical, « L’Arche de Noé » du compositeur laïque Benjamin Britten, ils adhèrent à une religion, ils accomplissent un acte de dévotion ou suivent un enseignement religieux… C’est magique : vous émettez une note de l’Ave Maria de Gounod, et hop, vous êtes baptisé catholique ; vous sifflotez un air de la Flûte enchantée » et clac, vous êtes initié franc-Maçon ; vous chantonnez L’Internationale et, tchac, vous voilà propulsé communiste.

Allons plus loin : il faut interdire immédiatement le Cé qu’è lainô. Chaque année à l’Escalade, les petits Genevois s’égosillent à rendre hommage « à celui qui est haut », ce « maître des batailles » institué « patron des Genevois » et terminent en entonnant « Amen, amen, ainsi soit-y ». Ce scandale n’a que trop duré !

Et ces clefs de Saint-Pierre sur le drapeau genevois, c’est quoi cette serrurerie bondieusarde ? Allez hop à la poubelle !

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Lorsque les élèves visiteront le Musée d’Art et d’Histoire, vite mettons une burqa à La crucifixion de Karel Dujardin, afin que leurs yeux chastes ne soient point troublés par cette propagande. Si le prof de chant se met à leur faire chanter, le « Cantique suisse », qu’il soit brûlé comme Michel Servet !

Arrachons des manuels scolaires toutes les reproductions d’œuvres picturales mettant en scène des saints ou des prophètes, bannissons-en toutes les références musicales se rapportant aux œuvres de Bach ou au Requiem de Mozart et autres chansons à croire.

Dans ce fatras dipomaniaque, l’essentiel est oublié: la laïcité. En la défigurant par des mesures ubuesques, on offre à ses adversaires des verges pour la fouetter. Quel beau cadeau à eux offert !

Alors, il convient de rappeler que la laïcité, sous ses formes les plus diverses, comprend au moins deux éléments de base indissociables : d’une part, la séparation entre l’Etat et les institutions religieuses ; d’autre part, la liberté de conscience. Si l’un des deux manque, il n’y a pas de laïcité.

Mais en aucun cas, elle a pour objectif de rejeter ce qui fait notre histoire et notre culture. L’une et l’autre sont issues de la civilisation judéo-chrétienne, c’est un fait. S’en abstraire, nous condamnerait à ne plus comprendre d’où nous venons, ni dans quel monde nous vivons.

Il n’est pire adversaire de la laïcité que ceux qui la travestissent.

 Jean-Noël Cuénod

Liens annonçant la décision du DIP :

http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/dip-coule-arche-noe-benjamin-britten/story/13152952

 http://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/Au-nom-de-la-la-cite–l-Etat-torpille–L-Arche-de-Noe–28326143

 

Ainsi, à en croire les médias romands, le Département de l’Instruction publique de Piogre-sur-Rhône ­– ce DIP qui fait plouf – a coulé L’Arche de Noé. Du moins, celui de Benjamin Britten, l’ouvrage construit par le patriarche du Premier Testament se trouvant, Dieu merci, hors de portée des ukases dipesques.

Le directeur de l’Orchestre de Chambre de Genève avait pour projet de faire participer les écoliers genevois de cinq à sept ans, à L’Arche de Noé de Benjamin Britten. Mais le Département de l’instruction public y a mis son véto. Motif : ces enfants auraient chanté des paroles trop connotées sur le plan religieux. Selon 20 Minutes, la Direction de l’enseignement obligatoire aurait estimé que ce projet serait contraire à l’article 3 de la nouvelle Constitution genevoise et même à l’article 15, alinéa 4 de la Constitution fédérale.

 

Que dit l’article 3 ?

 

1 L’Etat est laïque. Il observe une neutralité religieuse.

2 Il ne salarie ni ne subventionne aucune activité cultuelle.

3 Les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses.

En quoi, L’Arche de Noé , œuvre vocale d’un compositeur laïque, serait-il une « activité cultuelle » ? « Activité culturelle », certes, mais en aucun cas « cultuelle ». Pourtant, le DIP ne manque pas d’R !

 

Quant à l’article 15, alinéa 4, le voici :

 

Nul ne peut être contraint d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir,

d’accomplir un acte religieux ou de suivre un enseignement religieux.

 

Ainsi, lorsque des élèves chantent, dans un contexte purement musical, « L’Arche de Noé » du compositeur laïque Benjamin Britten, ils adhèrent à une religion, ils accomplissent un acte de dévotion ou suivent un enseignement religieux… C’est magique : vous émettez une note de l’Ave Maria de Gounod, et hop, vous êtes baptisé catholique ; vous sifflotez un air de la Flûte enchantée » et clac, vous êtes initié franc-Maçon ; vous chantonnez L’Internationale et, tchac, vous voilà propulsé communiste.

 

Allons plus loin : il faut interdire immédiatement le Cé qu’è lainô. Chaque année à l’Escalade, les petits Genevois s’égosillent à rendre hommage « à celui qui est haut », ce « maître des batailles » institué « patron des Genevois » et terminent en entonnant « Amen, amen, ainsi soit-y ». Ce scandale n’a que trop duré !

Et ces clefs de Saint-Pierre sur le drapeau genevois, c’est quoi cette serrurerie bondieusarde ? Allez hop à la poubelle !

 

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Lorsque les élèves visiteront le Musée d’Art et d’Histoire, vite mettons une burqa à La crucifixion de Karel Dujardin, afin que leurs yeux chastes ne soient point troublés par cette propagande. Si le prof de chant se met à leur faire chanter, le « Cantique suisse », qu’il soit brûlé comme Michel Servet !

Arrachons des manuels scolaires toutes les reproductions d’œuvres picturales mettant en scène des saints ou des prophètes, bannissons-en toutes les références musicales se rapportant aux œuvres de Bach ou au Requiem de Mozart et autres chansons à croire.

 

Dans ce fatras dipomaniaque, l’essentiel est oublié: la laïcité. En la défigurant par des mesures ubuesques, on offre à ses adversaires des verges pour la fouetter. Quel beau cadeau à eux offert !

 

Alors, il convient de rappeler que la laïcité, sous ses formes les plus diverses, comprend au moins deux éléments de base indissociables : d’une part, la séparation entre l’Etat et les institutions religieuses ; d’autre part, la liberté de conscience. Si l’un des deux manque, il n’y a pas de laïcité.

Mais en aucun cas, elle a pour objectif de rejeter ce qui fait notre histoire et notre culture. L’une et l’autre sont issues de la civilisation judéo-chrétienne, c’est un fait. S’en abstraire, nous condamnerait à ne plus comprendre d’où nous venons, ni dans quel monde nous vivons.

 

Il n’est pire adversaire de la laïcité que ceux qui la travestissent.

 

Jean-Noël Cuénod

 

Liens annonçant la décision du DIP :

 

http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/dip-coule-arche-noe-benjamin-britten/story/13152952

 

http://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/Au-nom-de-la-la-cite–l-Etat-torpille–L-Arche-de-Noe–28326143

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