DRONES DE DRAME

On vous surveille. Le gouvernement a un dispositif secret, une machine qui vous espionne jours et nuits, sans relâche.

L’intro de Person of Interest, la série américaine bien partie pour décrocher l’Entonnoir d’Or au Paranoïa Award, déroule son gros délire habituel, mardi soir. De son regard de taupe connectée, Harold Finch contemple ses écrans et doit faire face à une machine d’électrosurveillance aussi puissante que la sienne mais bien plus méchante.

Au même moment, l’alerte du Parisien s’affiche sur l’écran : « Dix drones survolent actuellement Paris, Saint-Mandé et Charenton ».

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C’est quoi ça ? Les ennemis de Finch ont-ils lancé une attaque sur la Tour Eiffel pour faire voir un peu de quel câble ils se chauffent ? Tous aux abris ! Mais comment sortir ? Les drones sont là qui guettent, prêts à vous envoyer une fléchette empoisonnée. Peur dans la fiction. Peur dans la réalité. Mais où se niche la fiction ? Quel complot la réalité ourdit-elle ? On ne sait plus à quel écran se vouer. Ecran. Et crainte. Voilà le programme du soir.

La peur est la véritable énergie renouvelable, inépuisable, autoalimentée. Poutine se goinfre en Ukraine et lance son regard sibérien sur les pays baltes. Pendant ce temps, Boko Haram, de crainte de paraître petit bras, se met à égorger devant les caméras façon Etat Islamique, devenu l’arbitre des élégances barbares. Et qui sévit maintenant en Libye, à quelques brasses de l’Europe. Les reporters doivent utiliser des « fixeurs » pour déambuler dans les banlieues à la fois « chaudes », « sensibles » et « déshéritées » tous adjectifs qui ont comme un petit air d’érotisme misérabiliste et donnent à cette angoisse urbaine, un frisson particulier.

Nous sommes assommés de peur brute. Encerclés par des écrans paniques.

Comment trouverions-nous encore le temps de réfléchir ? La peur nous épargne de cet effort. Ne pensez plus, ayez peur. C’est tellement bon d’être aliéné.

Jean-Noël Cuénod

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Survols interdits : faut-il avoir peur des… par lemondefr

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