Palestine-Israël: une guerre de gauche à droite

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C’était il y a quelques siècles… Photo LDD via Wikipédia

Dans les années 1960-1970, le conflit israélo-palestinien opposait deux gauches, le travaillisme israélien et le Fatah, tous deux membres de l’Internationale socialiste. Force est de reconnaître que cette commune appartenance n’a pas permis de sortir de la guerre malgré quelques lueurs d’espoir. Maintenant, ce sont deux droites religieuses qui s’affrontent en éteignant toutes lueurs.

Certes, il a toujours été incongru de parler de laïcité dans le contexte proche-oriental. Néanmoins, la gauche israélienne et le Fatah n’étaient, ni l’une ni l’autre, inféodée aux institutions confessionnelles(1). Depuis, Nétanyahou ne peut gouverner Israël qu’avec les pires représentants de l’intégrisme judaïque. Et la cause palestinienne a désormais pour porte-drapeau les pires représentants de l’intégrisme musulman, à savoir le Hamas, à la fois branche des Frères Musulmans sunnites et prolongement de la mollarchie iranienne et chi’ite.

L’espoir d’Oslo…

Lorsque le premier ministre travailliste israélien Yitzhak Rabin et le chef du Fatah et de l’OLP (Organisation de libération de la Palestinienne) Yasser Arafat signent les Accords d’Oslo le 13 septembre 1993 sous l’égide du président étatsunien Bill Clinton, la flamme d’un espoir de paix tremblotait. Vague, l’espoir. Mais alors envisageable.

Le Hamas et la droite israélienne emmenée par le Likoud et les partis intégristes ont aussitôt attaqué le processus de paix, chacun dans leur camp.

Deux forces en apparence opposée mais en fait unie vers un seul objectif: ruiner toute possibilité d’une paix entre juifs et musulmans dans l’espace compris entre la Méditerranée et le Jourdain. Avec le commun refus d’un Etat palestinien qui développerait des relations civilisées avec l’Etat d’Israël.

… vite éteint

La flamme de l’espoir s’éteint dès le 4 novembre 1995 lorsque l’extrémiste intégriste Yigal Amir assassine de deux coups de feu le premier ministre Rabin, « coupable » d’avoir signé les Accords d’Oslo. Amir tenait l’arme de poing mais qui l’a psychologiquement induit à appuyer sur la détente? Pour la veuve du premier ministre Leah Rabin la responsabilité morale de Nétanyahou, alors chef du Likoud, est écrasante. Pendant plusieurs mois, la droite israélienne a calomnié le premier ministre avec une violence inouïe en faisant de Rabin – qui en tant que commandant en chef de Tsahal avait remporté la Guerre des Six jours – le pire traître d’Israël.

Autorité palestinienne vermoulue

De son côté, le Hamas poursuivait son travail de sape contre l’Autorité palestinienne tenue par l’OLP et le Fatah pour devenir finalement prééminent dans la Bande de Gaza. Il faut dire que le Hamas fut grandement aidé par la corruption endémique qui a vermoulu l’Autorité palestinienne.

Celle-ci n’a d’ailleurs d’Autorité que de nom puisqu’elle s’est montrée incapable de réagir au mouvement de colonisation intense des territoires de Cisjordanie encouragé par la droite israélienne.

Deux droites continuent de s’affronter. D’une part, celle incarnée par le Hamas, vecteur de l’islamisme le plus conservateur; de l’autre, celle représentée par l’extrémisme confessionnel, soutien décisif du premier ministre israélien.

Ce qui les a unis hier est ce qui les soude aujourd’hui: le rejet de la solution dite « à deux Etats ». Tant que ces deux droites restent actives, aucune paix ne sera possible.

Que ceux qui, à gauche, soutiennent la Hamas et qui, à droite, appuient l’actuel gouvernement israélien réfléchissent avant de brandir des oriflammes!

Jean-Noël Cuénod

1 Merci de ne pas confondre religion, l’acte qui relie les humains entre eux et à la puissance divine, avec les confessions qui ne relient que ceux qui font partie de leur groupe.

7 réflexions sur « Palestine-Israël: une guerre de gauche à droite »

  1. Bravo Jean-Noel
    Tout est dit
    Salman Rushdie à exactement le même constat :
    « Si aujourd’hui on crée un état Palestinien, il sera pris en main par des espèces de talibans:
    Quant à Netayahou, un seul endroit où le conduire manu militari : au violon et en prison.
    Amitiés

  2. Bonjour Jean-Noël
    à titre éducatif tu peux aussi donner le nom du chef du Fatah et de l’OLP : Yasser Arafat .
    bonne journée
    Jean-Luc

  3. Pour tenter de sortir de l’impasse violente et désespérée, ne pensez-vous pas que la reconnaissance d’un état palestinien par la communauté internationale pourrait permettre à la diplomatie d’avancer ? Il faut essayer quelque chose de plus cohérent. Ainsi un gouvernement palestinien pourrait être constitué et reconnu comme interlocuteur. Quant à Israël le peuple pourrait espérer et renverser l’abominable gouvernement actuel.

  4. Des poètes et des abattoirs

    Ce qui se passe à Gaza est une abomination. Chaque nuit (d’insomniaque) je tente d’imaginer les scènes de détresse. Je suis catastrophé de voir, pour la première fois, mes amis poètes palestiniens devenus des « sans voix », quand ce n’est pas sans vie, pétrifiés devant l’incontrôlable.
    La mort écrase tout un peuple.

    Je ne peux pour autant oublier les atrocités commises dans les kibboutz (pour la plupart peuplés de soutiens aux Palestiniens) dignes des nazis de Treblinka. Je n’entends plus la voix de mes amis poètes israéliens : ont-ils peur d’exposer leurs silences ?
    La mort dévore tout un pays.

    Les horreurs du 7 octobre ne sont pas la cause de l’écrasement sous les bombes du peuple gazaoui, mais le prétexte à l’accomplissement d’une politique d’annexion par un gouvernement fascisant.

    La politique calamiteuse d’Israël n’est pas la cause du massacre du 7 octobre, mais le prétexte à une tentative d’extermination « locale » de juifs par une organisation fasciste.

    Il ne s’agit pas, à mon sens alarmé, de choisir entre ces 2 fascismes.
    Cette émotion qui submerge tout (et toutes et tous) il faut tenter de la replacer sur le terrain de la politique. D’où elle n’aurait jamais dû s’échapper ! Même si, pour l’heure, ça semble impossible.
    Le discours défendant une paix politique devra attendre… combien de morts encore ?
    C’est le seul que je me sens le droit – et la conscience – de tenir. Loin de l’abominable « théâtre des opérations », toute attitude consistant à surenchérir en paroles, dans le confort d’un pays en paix (provisoire ?) sur la violence des faits relève, à mon sens, d’une pitoyable et obscène posture.

  5. Ce commentaire fait référence (entre autre) à la déprogrammation de la Palestine au Marché de la poésie 2025, de la pétition qui s’en est suivie… et de la réintégration du projet initial

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