Laïcité – piqûre de rappel en pleine guerre Hamas-Israël

laïcité-hamas-israël-palestine


Photo prise par le photojournaliste Arnaud Galy en février 2016 place de la République à Paris trois mois après les attentats du Bataclan ©Arnaud_Galy.

Devant l’avalanche de douleurs qui s’abat sur Israël et Gaza, nous sommes réduits à l’impuissance. Les cartes sont aux mains de Washington et, dans une moindre mesure, de Téhéran, voire de Doha qui fait le lien entre Hamas et les Etats-Unis. Exit Europa! Ce que l’on peut faire, en revanche, c’est appliquer en France, de façon quotidienne, la laïcité afin d’éviter que la guerre ne déborde.

L’intégrisme pseudo-religieux, voilà l’ennemi. Pourquoi pseudo ? Parce que le mot « religion » contient la notion de lien. Et l’intégrisme – quel qu’il soit – s’est donné pour mission de briser les liens entre les humains pour les réduire dans leur prison identitaire et confessionnelle. Dérive des confessions, l’intégrisme est donc fondamentalement antireligieux.

Les minces chances de paix fracassées

Les très minces chances de paix entre Israéliens et Palestiniens ont disparu lorsque les dirigeants non-confessionnels du Fatah et de l’Organisation de Libération de la Palestine ont été supplantés par les mouvements musulmans intégristes et terroristes du Hamas et du Djihad islamique.

Par un mouvement parallèle, les partis non-confessionnels israéliens ont cédé aux revendications des partis intégristes juifs en les intégrant dans le gouvernement, ce qui a infléchi de plus en plus la politique de l’Etat hébreu vers une stratégie d’affrontement.

La faillite du Liban

Parler de laïcité dans un tel contexte judéo-musulman n’a guère de sens tant nous en sommes éloignés. Aucun camp ne la souhaite, bien au contraire. Le triste exemple de la faillite générale du Liban devrait rappeler les risques induits par la fragmentation de la société en communautés confessionnelles. Mais apparemment, cela n’a pas fait avancer d’un pouce la cause laïque dans cette région du monde!

La laïcité ne s’impose pas de l’extérieur. Et c’est à chaque peuple de trouver la voie qui lui convient le mieux pour sortir le confessionnel du politique, pour le plus grand bien, et de l’un et de l’autre.

1905, une loi d’équilibre

En France, la laïcité est née de l’intérieur des longs combats pour le développement de la République contre les idéologies monarchistes portées jadis par la confession romaine. En adoptant une loi d’équilibre entre les espaces politiques et confessionnels – celle de la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 – la France est parvenue à trouver le meilleur modus vivendi possible pour à la fois, protéger l’Etat du pouvoir des institutions confessionnelles et celles-ci des incursions de l’Etat dans son domaine.

Cet équilibre, qui paraissait jusqu’alors solide, a donné des signes de faiblesse lors de la montée des intégrismes de tous bords et, surtout, du terrorisme qui se réclamait d’une lecture obscurantiste de l’islam.

Le « sujet qui fâche »

Il s’en est suivi quelques coups de canifs au contrat laïque pour des motifs électoraux ou, tout simplement, pour ne pas faire de vague, ces deux types de renoncement étant d’ailleurs cumulatifs. Sans compter les tentations de l’autocensure pour éviter d’aborder les questions qui fâchent.

La laïcité ne doit plus être ce « sujet qui fâche ». Il faut la proclamer sans arrogance mais avec fierté.

Et en rappeler les principes qui, parfois, ne sont pas respectés par certains de ses partisans qui tendent à en faire le cheval de Troie de l’athéisme; un mode de pensée aussi légitime que d’autres mais qui ne saurait s’arroger le monopole de la laïcité.

Dans l’esprit de ses fondateurs, tel ne devait pas être le cas. D’ailleurs, les confessions protestantes et juives ont été parmi les plus résolues à la promouvoir en 1905.

La laïcité n’est donc en aucun cas une confession-bis. La loi de 1905, répétons-le façon mantra, protège les institutions confessionnelles et ne les briment en aucun cas. Loin d’attenter à la Foi, elle la libère des contraintes de toutes natures qui l’étouffent, tout en ménageant un espace politique où l’Etat agit sans la tutelle d’une ou plusieurs confessions.

L’Etat chez lui et l’Eglise (ou la synagogue ou la mosquée ou le temple), chez elle, pour paraphraser Victor Hugo. Après tout, Jésus n’est-il pas le premier à distinguer entre les deux? Rendez à Dieu ce qui lui appartient et à César ce qui lui revient (Marc XII;17)

La laïcité vécue « en bas »

Il ne suffit pas de proclamer ces beaux principes « d’en haut ». Car la voix « d’en haut » est de plus en plus inaudible. Il faut surtout les vivre « en bas », dans la vie quotidienne. Cela nécessite l’émergence d’une véritable mobilisation en faveur de la laïcité qui s’adresse à chacune et à chacun sur ses lieux de vie, de travail, de loisir. Celles et ceux qui veulent, de façon ouverte ou insidieuse, confessionnaliser la politique doivent trouver à qui parler.

Dans un monde livré à violence la plus bornée, la laïcité relève de l’urgence vitale. Elle est avant tout l’affaire de chaque citoyenne, de chaque citoyen.

Jean-Noël Cuénod

2 réflexions sur « Laïcité – piqûre de rappel en pleine guerre Hamas-Israël »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *