Et voilà Donald Trump dûment investi au milieu d’une liesse endollarée. La babouche de Moumoute Jaune n’en finit d’être baisée par ceux qui naguère encore le trouvaient infréquentable. Même la droite «cul-pincé» lui découvre un charme fou. Ainsi 54,6% des lecteurs du Figaro prédisent qu’il sera un bon président. Parlons d’autre chose, de poésie par exemple. Ça n’a rien à voir? En effet. Heureusement.
A lire
DERNIERE LIGNE COURBE
Au fil de l’horizon la ligne courbe épouse sa nuit
D’étranges noces s’ourdissent tous les oiseaux font silence
Sur le dos de la vallée des ombres frémissent dirait-on
Une illusion qui repasse ou l’esquisse d’un évènement?
Nous l’avons tant espéré que l’espoir a perdu de sa chair
Toutes les ombres que nous avons lâchées pour des proies factices
Se sont vengées en nous rendant aveugles aux signes d’un Dieu
Qui s’éloigne comme un nuage poussé par les vents du monde
Nous sommes cette pierre que le torrent roule et malaxe
L’orage enrage le lit déborde nous voilà rejetés
Laissés pour morts sur la rive mais réanimés par la vase
Ce qu’il faut de boue de soleil pour que la vie reprenne corps!
Un autre orage nous ramènera dans la folie du torrent
A nouveau souffrance du chaos et plaisir de s’y soumettre
Maîtres de rien nous attendons le retour de la colère
Plutôt par elle concassés que par le néant aspirés
En fondant la neige de notre âge a rendu chauves les sommets
Ils n’en seront que plus verdoyants au printemps de notre mort
Toutes nos peurs abolies notre paysage se déplie
Devenu clair notre regard n’a jamais porté aussi loin
A l’écoute des étoiles notre ouïe perçoit maintenant
Le rire triomphant des enfants que nous ne connaîtrons pas
Notre temps est plus vieux mais le soleil demeure présent
La part des anges a rendu notre alcool plus capiteux
Dans la forêt qui chante nous faisons miel de toute voix
Nous avons déposé les armes pour que le soleil grandisse
Plus légers nous sommes en préparant le combat cœur à cœur
Contre l’Ange qui nous ressemble comme deux gouttes de sang
Enfin nous connaîtrons les pays derrière la montagne
D’étranges noces s’ourdissent tous les oiseaux ont fait silence
Au fil de l’horizon la ligne courbe épouse sa nuit.
Jean-Noël Cuénod
A ouïr
Mon cher Jean-Noël tu écris là de belles choses
en quoi se réunissent (au début tout au moins)
ta respiration lyrique et ta verve journalistique
J’aimerais tant pouvoir aimer sans retenue
mais la parole est à ce point salie par ceux la profèrent
que seuls de grands jets de sable brûlant
pourraient la rendre à nouveau habitable
Il me parait que le temps de l’illusion est révolu
tant pour le poème que pour celui qui le chante ou le lit
seul celui qui nomme le désespoir a des chances de lui échapper.
Avec ma très fidèle et poétique amitié
Marc