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Et à la fin, c’est le perdant qui l’emporte… Amusante, parfois, la politique politicienne! La Droite Républicaine avait essuyé de multiples défaites humiliantes. La voilà qui dirige depuis ce matin le gouvernement français, après la nomination par le président Macron de l’un des siens, Michel Barnier, comme premier ministre. De quoi donner de l’espoir à tous les cancres en cette rentrée scolaire.

Avec 47 députés sur 577, la droite Mocassins à Gland peut en effet crier au miracle. Un miracle qui ne doit pas grand-chose à ses mérites mais tout à la mansuétude de Marine Le Pen, cheffe des députés de l’extrême-droite Grosse Matraque .

La motion de censure pointe déjà à l’horizon

Avant de nommer Michel Barnier, le président Macron a dû sonder le cœur et les reins du clan Le Pen afin de savoir si les députés RN voteraient la motion de censure que la gauche ne manquerait pas de déposer contre le futur gouvernement Barnier.

Marine Le Pen ne s’est pas montrée de prime abord opposée au nouveau premier ministre. A la condition qu’il satisfasse la politique anti-immigrés des lepénistes.

Or, sur ce plan, les députés Grosses Matraques peuvent nourrir de solides espoirs.

Au cours de la primaire des Mocassins à Gland pour la présidentielle en 2021 – où il s’était porté candidat – Barnier avait eu le bon goût d’entonner le refrain anti-immigration qui flûte comme du Mozart aux oreilles RN.

Juste un aparté: lors de cette primaire, Michel Barnier n’était parvenu qu’à la 3ème place, les électeurs de droite ayant choisi pour les représenter Valérie Pécresse. Qui finalement n’a obtenu que 4,78% des voix à l’élection présidentielle de 2022. C’est dire si Barnier revient de très loin!

Les retraites sacrifiées?

« Le Rassemblement National jugera sur pièce son discours de politique générale avant d’envisager la censure contre son gouvernement » a prévenu Marine Le Pen.

Traduction: si Barnier ne donne pas des gages au RN en matière d’immigration, la censure sera votée. Les voix de l’extrême-droite s’ajouteraient à celles de la gauche et le gouvernement Barnier serait mort avant que d’être né.

Marine Le Pen se montrera sans doute moins inflexible quant au maintien de la loi sur les retraites. Son parti a, certes, clamé qu’il l’abrogerait une fois parvenu au pouvoir. Mais ça c’était pour gagner des suffrages, tant la réforme Macron était impopulaire. S’il faut aujourd’hui sacrifier les retraites sur l’autel de l’immigration, le clan Le Pen se fera vite une raison.

On subodore ce pacte: tu me fais des lois anti-immigration et je te laisse ta loi sur les retraites.

La vraie « maîtresse des horloges »

Cela dit, même avec la neutralité malveillante des députés RN, Michel Barnier risque de tomber lors de la motion de censure déjà annoncée par la gauche. Tout dépendra de la composition de son gouvernement. Et sur ce plan, Michel Barnier n’aura pas trop de tout son talent diplomatique pour y parvenir. En tant que commissaire européen, il avait tenu le rôle de négociateur en chef de l’UE pour accompagner le Brexit, à la satisfaction générale d’ailleurs. Sa tâche actuelle risque d’être aussi rude. Le destin de son futur gouvernement se trouve d’ores et déjà placé dans les mains de Marine Le Pen.

Macron se vantait d’être « le maître des horloges ». Désormais, c’est Marine Le Pen qui donne l’heure.

Jean-Noël Cuénod