Européennes : Macron perd et rafle la mise

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Le Rassemblement national arrive donc en tête des listes françaises pour le Parlement européen. Mais il recule par rapport en 2014 et, surtout, sa patronne Marine Le Pen fait beaucoup moins bien que la Lega de Mario Salvini, son rival nationaliste. LeCapo dei Capides xénophobes européens, ce sera lui. Quant à Macron, il perd son pari de devancer RN. Mais rafle quand même la mise.

En effet, sa stratégie de pulvériser les partis de gouvernement à droite et à gauche a marqué un point. Emmanuel Macron et sa République en marche font tout pour n’avoir qu’un seul adversaire, le Rassemblement national. Face à cet épouvantail, le président français espère l’emporter à chaque élection en engrangeant les suffrages de tous les électeurs soucieux d’éviter que les calamiteux dirigeants du RN accèdent au pouvoir. 

A la présidentielle, c’est le Parti socialiste qui a fait les frais de cette opération. Aux Européennes, c’est au tour du Parti Les Républicains de subir le même sort. Avec ses malheureux 8,2%, la liste emmenée par François-Xavier Bellamy aurait été dépassée même par les socialistes si Benoît Hamon n’avait pas eu la stupidité égotiste de faire cavalier seul : sa liste ajoutée à cette du PS-Place Publique de Glucksmann aurait dépassé les 9%. Cela donne une idée de l’étendue de ce désastre essuyé par la droite classique ; elle risque de rejoindre les épaves politiques échouées dans le sillage du typhon Macron-Le Pen. Malgré le dopage médiatique que lui a prodigué la presse de la droite classique – surtout Le Figaro– le têtard de bénitier a été avalé tout cru (ce qui, d’ailleurs, en dit long sur la perte d’influence des grands médias traditionnels). Désormais, l’avenir du parti fondé par Sarkozy paraît fort compromis. Après son électorat, c’est son appareil qui risque d’être siphonné par le RN pour les uns, par Macron pour les autres.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron mènent ce jeu de massacre, main dans la main. Ils se confortent l’un l’autre. Jeu dangereux pour la démocratie. Car en faisant du RN son adversaire privilégié, il le valorise, le banalise et en fait la seule alternative possible à son pouvoir. Le président français est l’agent principal de la dédiabolisation voulue par Marine Le Pen. Macron place donc le RN à la porte du pouvoir. Or, ce parti, malgré le ripolinage de la Marine demeure un parti xénophobe et raciste qui sert d’usine de recyclage aux militants du GUD et des autres formations fascistoïdes.

Espoir vert

Les écolos et une gauche reconstituée pourront-ils s’opposer à ce mano a mano délétère ? Le succès spectaculaire des Verts, non seulement en France mais surtout en Europe, donne quelque espoir. Cela dit, ils ont tellement déçu dans le passé qu’il faut encore attendre pour sortir du frigo le champagne bio. Quant à la gauche, si l’on ajoute tous ses morceaux multiples – Parti socialiste/Place Publique – La France Insoumise, la liste Hamon – elle dépasserait les 15%, devant les Verts et LR. En outre, les succès des socialistes et sociaux-démocrates en Espagne, au Portugal, au Danemark et la résurrection en Italie du Parti démocrate démontrent que la gauche n’est pas une idée morte.

Dès lors, seul un pôle Vert-Social-démocrate serait à même faire trébucher Marine Le Pen et Emmanuel Macron, ces danseurs de tango électoral. Et sur le plan européen, cette alliance est la seule qui puisse donner un coup d’arrêt à la montée des xénophobes. Ce n’est pas gagné. Mais c’est devenu possible.

Jean-Noël Cuénod

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