Les nuages versent leurs averses et nous, nos larmes. Le temps est moins jeune, que voulez-vous. Contristons-nous mutuellement sur nos gilets rendus humides, à force. Voilà un poème qui renifle l’air du temps. A lire et à ouïr.
A LIRE
Il pleut
Il pleut
Il pleut
Toujours
Dans les champs toutes les fleurs courbent la tête
Sur les sentiers terre et ciel copulent
Pour donner un corps et une âme à la boue
Venus du fond de nos âges des nuages
S’accroupissent guettant le moment propice
Pour faire rouler des tonneaux de tonnerre
Même leurs éclairs sont sans lueur
Il pleut
Il pleut
Il pleut
Toujours
A perte de vue et à perte de vie
L’absence des hommes crève les yeux
Les aveugles ne peuvent pas voir la pluie
Mais sur leur peau elle fait d’autant plus mal
Ses tambours sortent les morts de leurs tombeaux
Tout ce qu’on croyait éteint se réanime
Il pleut
Il pleut
Il pleut
Toujours
Tous vos parapluies n’y feront rien
Et vos manteaux sont tellement déchirés
Que même les mendiants n’en veulent plus
Vous essayez les danses de la pluie
Mais tout ce qui tombe ce n’est que vous-mêmes
Dans le ridicule et les ricanements
Il pleut
Il pleut
Il pleut
Toujours
Tous ces traits d’eau raturent le paysage
Grands coups de gomme sur tous les horizons
Vous n’avez plus d’autre cap que vous-mêmes
Et vous avez le désespoir confortable
Saurez-vous faire parler votre soleil?
Ecoutez d’abord cette musique en vous
Il pleut
Il pleut
Il pleut
Toujours?
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR
Quelle photo magnifique ! Bravo ! C’est un poème à elle seule !
Belle photo ! Poème inspirant, comme toujours !