Il fallait s’y attendre…A peine le pape François avait-il rendu son dernier soupir que nombre de médias ont ressorti des archives de leur ordinateur, les Prophéties de Saint Malachie. Le pape François serait donc le dernier pape. Avec l’inactivité militante des pouvoirs en matière d’écologie, la fin prochaine de l’humanité n’est pas qu’une prophétie sortie des grimoires médiévaux.
On peut s’opposer au système papal et au cléricalisme qui déforment le message du Christ, tout en reconnaissant que le pape François a prononcé de fortes et belles paroles en matière d’écologie (quitte à se montrer réac dans bien d’autres domaines). Dans son encyclique Laudate si Il ne prend pas de gants:
La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l’échec des sommets mondiaux sur l’environnement.
Bien dit, camarade Pape!
Du Souverain Pontif au Poncif Souverain
De même, à la veille de la COP29 à Bakou, François souligne dans son message que « la sauvegarde de la création est l’une des questions les plus urgentes de notre époque ».
Jadis, le pape pouvait employer son arme fatale pour faire plier les rois et les seigneurs: l’excommunication majeure qui retranchait le puissant ainsi visé de la communion de l’Eglise, ce qui équivalait à une mort civile. Sans oublier qu’à une époque où l’Enfer était perçu comme une réalité absolue, la damnation éternelle représentait l’angoisse suprême.
Dans des sociétés sécularisées, l’excommunication, majeure ou mineure, n’est même plus un pétard mouillé. « Le Pape? Combien de divisions? » ricanait Staline (1).
Les micros n’ont pas d’oreilles
Sans l’enfer en arrière-plan, la parole papale perd son opérativité: du Souverain Pontif au Poncif Souverain.
Sa vision réaliste de la catastrophe climatique ne l’a aucunement empêché de n’être qu’un prophète clamant dans le désert.
Les micros furent nombreux à se tourner vers lui. Mais on sait aujourd’hui qu’au bout des micros, il n’y a guère d’oreilles.
On ressort les « Prophéties de Saint-Malachie »
C’est alors que les médias ressortent les prophéties annonciatrices de catastrophes, surtout celles dites « de Saint-Malachie ». L’identité de leur auteur reste aussi problématique que leur contenu.
Ce texte attribué à l’archevêque irlandais Malachie d’Armagh (1094–1148) dresse la liste des 111 papes – chacun étant décrit par une courte devise en latin sous une forme ésotérique(2) – qui se sont succédé, du numéro 1, Célestin II (élu en 1143) au numéro 111, le pape François qui vient de défunter. Sa devise s’énonce ainsi « de gloria olivae », « de la gloire de l’olive » ou « à propos de la gloire de l’olive».
Nous laissons lâchement au lecteur le soin de décrypter la formule. Selon de nombreux auteurs, dont Daniel Réju(3) qui s’est consacré à ces prophéties, 110 sur 111 ont été avérées; reste la 111e…
La 112e prophétie conclut cette liste. Elle est formulée de façon fort différente. En voici la traduction tirée du latin:
Dans la dernière persécution de la sainte Église romaine, siégera Pierre le Romain, qui fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations. Celles-ci terminées, la cité aux sept collines sera détruite, et le Juge redoutable jugera son peuple. Cette dernière prophétie se termine par le mot latin « Finis » soit « Fin ».
Quelle fin?
Fin de quoi? De Rome « la ville aux 7 collines »? Du catholicisme romain? De toute la chrétienté? De l’humanité? Du Monde? De l’univers?
Les esprits rationnels concluront d’un mot ces prophéties: « Foutaises ». Alors foutaises ou vérités? Le Plouc n’est pas assez savant pour trancher.
Si la prophétie se réalise, nous ne serons plus en mesure d’en dire quoi que ce soit. Si elle ne se réalise pas, nous resterons face à cette vérité énoncée – entre autres – par feu le pape François: en ne faisant rien contre le dérèglement climatique, nous courons à la catastrophe et à notre fin du monde. Et ça, ce n’est plus de la prophétie!
L’enfant mort-né
Les irresponsables politiques, les forcenés capitalistes et leurs perroquets médiatiques paraissent même s’efforcer de donner raison aux prophéties de Saint-Malachie.
Le sujet vital que constitue le climat n’est même plus le cadet de nos soucis, il en est l’enfant mort-né. Plus que jamais « la maison brûle » et plus que jamais « nous regardons ailleurs »(4).
Notre attention et nos énergies sont mobilisées par d’autres urgences: Trump et sa politique du pitre, Poutine et sa guerre impériale contre l’Ukraine et bientôt l’Europe, Netanyahou qui s’attaque aux éléments fondamentaux de la démocratie israélienne, Gaza transformée en brasier permanent, les massacreurs du Hamas qui ne lâchent pas leurs otages…
Pendant que la fonte accélérée des glaciers coule sans faire de bruit, les climatosceptiques sont devenus climato-je-m’en-foutistes.
La fin de l’humanité sera la prophétie que nous aurons-nous même réalisée.
Jean-Noël Cuénod
1 L’a-t-il dit au ministre français des affaires étrangères (et futur chef Kollabo) Pierre Laval en 1935 ou dix ans plus tard à Churchill à Yalta? Aux deux peut-être. Le pape pie XII aurait rétorqué, en apprenant la mort de Staline intervenue le 5 mars 1953: « Eh bien maintenant, il sait combien nous avons de divisions! » Si non e vero e ben trovato!
2 Le sens premier est voilé; il s’agit donc d’interpréter les sens symboliques que renferment chaque devise.
3 Daniel Réju, « La prophétie des papes et l’apocalypse », Editions Garancière
4 La formule est de l’ancien président français Jacques Chirac qui parlait bien de l’écologie sans pour autant passer de la belle parole à l’acte.
Bonsoir,
Il ne m’est pas possible de résister à ce rapprochement:
La situation actuelle de notre humanité reposerait-elle sur un bien « mal acquis », c’est à dire sur une évolution non comprise et, de fait, mal assumée?
Bien cordialement, et merci Jean Noël pour la pertinence de maintes réflexions proposées.
Jean-Claude