Le 11-Septembre invente la guerre tiède

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Vingt ans après l’attentat qui a causé la mort de 2997 personnes dans l’effondrement des Twin Towers, le bilan se révèle, hélas, largement favorable à l’islamo-terrorisme. Mardi 11 septembre 2001, l’humanité est entrée dans le XXIe siècle. Toutes nos sociétés ont dû changer de paradigme. C’est la première victoire de ce nihilisme bigot qui enténèbre l’une des principales religions du monde.

La cible numéro un de la terreur islamiste, c’est le mode de vie occidental avec ses institutions démocratiques, ses libertés de mœurs et sa liberté tout court. Avec ses injustices sociales et son goût effréné du profit aussi. Mais ces derniers maux n’épargnent pas les sociétés musulmanes, c’est le moins que l’on puisse en dire. La grande majorité des dix-neuf terroristes du 11-Septembre venait d’un royaume pourrit de fric et d’injustices criantes, à savoir l’Arabie Saoudite.

L’impasse du Patriot Act et de Guantanamo

Sur ce plan, les islamo-terroristes marquent d’emblée de nombreux points. Cinq semaines après l’écroulement des Twin Towers, le Congrès des Etats-Unis adopte le USA PATRIOT Act (26 octobre 2001) qui va à rebours des principes du droit états-unien en restreignant la liberté individuelle au profit des investigations policières.

C’est ainsi que cette loi a forgé le statut de « combattant illégal » qui permet d’incarcérer à Guantanamo, sans limite dans le temps et sans même inculpation, toute personne suspectée de projeter un acte terroriste.

Si l’on avait dit au plus conservateur des juristes états-unien qu’un jour son pays prendrait des mesures aussi contraires à l’esprit de ses Pères Fondateurs, il aurait conçu envers son interlocuteur de sérieux doutes quant à sa santé mentale !

Or, le Patriot Act a été adopté à la vitesse de l’éclair. Seul le sénateur démocrate du Wisconsin, Russ Feingold, a voté « non ». A part cette exception, toute la caste politique états-unienne est tombée dans le piège tendu par les islamo-terroristes, toute objection étant inaudible.

A la suite d’autres attentats commis par des groupes djihadistes en Europe, nombre d’Etats, dont la France, ont également pris des mesures restreignant les libertés individuelles.

Autogoals états-uniens en série

L’autre cible visée par Oussama ben Laden, le concepteur du 11-Septembre, et ses réseaux d’Al Qaïda avait la géopolitique pour cadre. Il s’agissait de briser les lignes du monde dessinée par la chute de l’Union Soviétique. Les Etats-Unis régnaient seuls sur la planète. La Chine n’était pas encore en mesure de les concurrencer.

Là aussi, la puissance états-unienne, en la personne de son président George W. Bush, a involontairement aidé Ben Laden et la mouvance terroriste – au-delà de leurs espérances les plus folles – en provoquant en 2003 la guerre la plus stupide qui soit contre le dictateur de l’Irak, Saddam Hussein, désigné à tort comme coauteur du 11-Septembre.

Sur les raisons de la guerre en Irak, on lira avec profit ce document de Cairn info (cliquer ici) et sur les intérêts financiers du vice-président états-unien Dick Cheney dans ce contexte, on peut consulter cet article du Temps (cliquer ici).

Une fois le sunnite Saddam Hussein éliminé, les Etats-Unis ont permis l’installation en Irak d’une administration dominée par les chiites qui forment la majorité de la population. Bagdad s’est alors tournée vers le grand parrain du chiisme, l’Iran, l’un des pires ennemis des Etats-Unis et d’Israël. Après avoir mis un pied au Liban grâce au Hezbollah, Téhéran est devenu un acteur majeur en Irak. Merci Washington !

Ni guerre chaude ni guerre froide, guerre tiède

La guerre de Bush junior s’est muée en cancer lançant ses métastases en Irak, en Syrie, en Afghanistan et bien au-delà. Cette déstabilisation générale a été aussitôt mise à profit par Al Qaïda et les autres formations djihadistes comme l’Etat Islamique. Ce dernier a pu occuper de vastes territoires en Irak et en Syrie lui permettant de réserver de nombreux terrains d’entrainement aux futurs terroristes multinationaux – qui sèmeront leurs massacres en France et ailleurs ­– et d’y prélever les fonds nécessaires à l’acquisition de matériel militaire perfectionné.

Grâce aux erreurs monumentales des Etats-Unis, l’islamo-terrorisme est devenu une composante essentielle du nouvel ordre mondial.

Nous voilà plongés dans une étrange situation : ni guerre chaude à l’instar du Second conflit mondial ni guerre froide comme du temps de l’empire soviétique. Disons, une guerre tiède qui se réchauffe ici, se refroidit là et distille ses violences au compte-gouttes mais de façon permanente.

Il faut désormais « faire avec » en prenant garde à ne pas répéter les erreurs en chaîne de l’Après-11-Septembre, à ne pas réactiver les engrenages contre-productifs et liberticides.

Les Etats-Unis sortent de ces deux décennies plus discrédités que jamais, position qui fait le miel de ses autres rivaux géopolitiques, à savoir la Chine et, dans une moindre mesure, la Russie.

Reste l’Europe, l’autre pôle d’un monde démocratique qui tend à se réduire… Où est-elle ?

Jean-Noël Cuénod

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