La bien-pensance pense-t-elle mal ?

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…Et la mal-pensance pense-t-elle bien ? Telle est l’alternative qui taraude les faiseurs de bruits médiatiques et autres pétomanes pour réseaux sociaux. Etre traité de « bien-pensant » ou pis d’« adepte de la bien-pensance » est devenue l’insulte qui pique et fait mouche.

Aujourd’hui, le mal-pensant est tendance. Pour lui, le bien-pensant n’est qu’un sale hypocrite qui, au bord de sa piscine olympique, entre deux sirotages de spritz, pleurniche sur le sort des réfugiés en train de se noyer dans la Grande Bleue en accusant les xénophobes d’être des sans-cœurs. Mais qu’il les accueille donc dans sa luxueuse villa, ce bel esprit !

Le bien-pensant vit peut-être dans une HLM mais pour le mal-pensant, ce sagouin se prélasse toujours dans une luxueuse villa, sinon le cliché tombe à l’eau ; celle de la piscine imaginaire, en l’occurrence.

Le mal-pensant affirme nager à contre-courant de la pensée majoritaire en chaussant les palmes de la rébellion. C’est un audacieux, un courageux, un non-conformiste. La générosité ? Un artifice pour cacher de sordides intérêts ! La solidarité ? Une excuse pour ne rien foutre ! L’humanité ? Un concept flasque pour ventre mou ! La fraternité ? Laissez-moi rire ! Enfin, façon de parler, car le mal-pensant ne rit jamais, il ricane. N’admire jamais, il dénigre. Ne débat jamais, il dénonce.

Le mal-pensant se proclame seul à bien penser puisque justement, il pense mal, c’est-à-dire en dehors des clous de la bien-pensance. Ce dandy du cynisme est mû par une obsession : ne pas être dupe.

Dupe de ne pas être dupe

Or, dupe, il l’est, et tout d’abord de lui-même. Car loin de nager à contre-courant, le mal-pensant barbote dans les eaux de la pensée qui, aujourd’hui, est devenue largement majoritaire. Nombre de sondages s’accordent pour conclure que l’immigration – principal sinon unique cheval de bataille du mal-pensant – est devenue très impopulaire en France et ailleurs. S’y attaquer ne constitue donc ni une preuve de courage ni une marque de rébellion. C’est tout simplement se laisser dériver dans le courant tout en proclamant faire l’inverse. Le mal-pensant d’aujourd’hui est le nouveau bien-pensant. Partisan de la nov’langue orwelienne, cet anticonformiste est devenu la figure la plus achevée du conformisme.

Le mal-pensant d’aujourd’hui est donc le bien-pensant d’hier. D’ailleurs, les deux phénomènes proviennent du même moule idéologique, celui de la droite sectaire, conservatrice, réactionnaire qui a toujours existé et qui, sans doute, existera toujours sous mille masques différents.

Bien-pensance d’une gauche bien maladroite

Cela dit, la gauche n’a cessé d’offrir aux faux mal-pensants des verges pour se faire fouetter comme l’a fort bien écrit Jean-François Kahn dans un texte paru chez Slate (lire ici la version complète) :

Ce sont les turpitudes, les oppressions et les trahisons de la droite qui grossirent après-guerre les rangs de l’extrême gauche ; aujourd’hui, c’est le terrorisme intellectuel d’une certaine gauche bourgeoise et bien-pensante, cette insupportable tendance à criminaliser le moindre écart, à diaboliser la moindre sortie de route, cette chasse obsessionnelle à la petite phrase incorrecte.

Ainsi pour complaire aux citoyens de culture musulmane, une partie de la gauche, a-t-elle jeté par-dessus bord les principes de la laïcité, trahissant l’héritage de Jean Jaurès, héritage qui déborde largement les frontières de la France. Elle a pris le risque de tabler sur le communautarisme qui, pourtant, ne fait que renforcer les éléments les plus réactionnaires, les plus sectaires, les plus antidémocratiques de l’islam.

Conclusion : mal-pensants et bien-pensants se rejoignent pour ne pas penser.

Jean-Noël Cuénod

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