Départementales françaises: ambiance de Waterloo à Solférino

Pris sur le vif, dimanche soir, en naviguant entre les sièges de l’UMP et du PS.

D’un Empire à l’autre, d’un siège politique à l’autre… Rue de Solférino, antre du Parti Socialiste, c’est Waterloo qui s’impose en ce dimanche soir gris et pluvieux. Le PS aurait bien besoin de cette Croix-Rouge qu’Henri Dunant créa en souvenir de la bataille de Solferino. Il règne dans les couloirs une ambiance funèbre : «Solférino, Solférino, morgue pleine.»  Mais point de Victor Hugo à l’horizon.

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Peu de monde dans les locaux du parti, quelques journalistes, une poignée de permanents. Les médias n’aiment pas les perdants. Des chargés de communication s’attendaient bien à une gifle douloureuse, mais c’est d’une raclée mémorable qu’il s’agit. «On a même perdu la Corrèze!», retentit une voix qui manque s’étrangler avec un toast au saumon, seule touche rose dans la marée bleue.

Comme il faut bien dire quelque chose, même en pareille circonstance, les communicants font passer ce message: «Dans les duels PS-Front National, les électeurs UMP ont massivement voté FN. Il y a une porosité évidente entre les deux électorats.» Le Front républicain ne verra pas le printemps. Devant micros et caméras, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis appelle à l’unité de la gauche, ce qui n’est pas gagné d’avance. Et de marteler cet élément de langage fourni par l’Elysée: malgré la défaite, on garde le cap.

Rue de Vaugirard, siège de l’UMP, c’est le tambour d’Arcole que l’on bat. Les mines sont réjouies et les gros bras du parti se font aimables. Les journalistes viennent en foule et se prennent les pieds dans les câbles que les techniciens des télévisions viennent de poser, non sans peine.

A chaque bonne nouvelle, le sourire des permanents s’élargit d’un cran, façon banane. A 17 h. 45, Nicolas Sarkozy débarque dans le hall d’entrée en compagnie de son fidèle Frédéric Péchenard, directeur général de l’UMP. L’ex-chef de l’Etat est absorbé par un essaim de caméras et disparaît de notre vue. Une porte se ferme. Le président de l’UMP entre en réunion.

Peu avant 20 h. 30, Nicolas Sarkozy s’empare du pupitre de la salle de presse. D’un ton ferme qui s’efforce à la mesure, il attaque sa conclusion: «Les Français ont massivement rejeté la politique de François Hollande et de son gouvernement. Le désaveu du gouvernement est sans appel. L’alternance est en marche. Rien ne l’arrêtera.» Les sympathisants exultent, acclament leur héros, le grand vainqueur de cette soirée. Mais dehors, le soleil d’Austerlitz ne luit toujours pas.

Jean-Noël Cuénod 

Article paru lundi 30 mars 2015 dans la Tribune de Genève, 24 Heures et Le Soir de Bruxelles.

1 réflexion sur « Départementales françaises: ambiance de Waterloo à Solférino »

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