Poème à lire et à ouïr – PÂQUES AU BALCON

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©JNC

Que vous ayez ou non la Foi, vous passerez Pâques au balcon cette année. Au balcon pour remercier toutes celles et tous ceux qui risquent leur santé pour que nous conservions la nôtre. Au balcon, pour mettre le nez au printemps. Au balcon, parce l’air sans bagnole est devenu plus respirable. Au balcon ou dans votre chambre, pour vous, cette suite de tankas pascaux (LE TEMPS CONFINÉ-4).

A LIRE

Pâques au balcon

Au fond du tunnel
Les marcheurs tournent en rond
Seule issue leurs songes
                                     Le ciel est un récit
                                     Que troussent les hirondelles

Les prisonniers
Cultivent en eux la fleur
Qui s’échappera
                                     Avec elle s’évader
                                     Et se fondre en son parfum

Le sang solaire coule
La douleur est un éclair
Qui n’en finit pas
                                      Dernier soupir du corps
                                      Premier souffle du Christ

Pétrin souterrain
La mort travaille le Christ
Secret du tombeau
                                     Levain de la pourriture
                                     Pour que le pain prenne vie

Fenêtre ouverte
Dans les confins confinés
Une aube se lève
                                      La rivière s’étire
                                      Et murmure sa prière

Jean-Noël Cuénod

A OUÏR

1 réflexion sur « Poème à lire et à ouïr – PÂQUES AU BALCON »

  1. Ne meurs pas !

    Ne meurs pas :
    J’ai lavé la cuisine ce matin et elle est déjà sale
    il vient de me pousser un onzième doigt ne meurs pas !
    J’ai appris à manger la boue et le silence et je n’aime plus la musique et la musique ne m’aime pas il y a un manège dans la cour ne meurs pas ! il y a des chevaux de bois dans ma mémoire malade.
    Ne meurs pas ! ne meurs pas le téléphone ne fonctionne pas encore dans le caveau de famille et les morts de toute façon s’y croisent les bras ne meurs pas : tu as oublié de fermer le gaz ta vie va encore déborder et tu vas me suicider une nouvelle fois ne meurs pas ! je n’en peux plus de t’aimer.
    Je suis fatigué ne meurs pas car tu t’appelles Gaïa ma terre et c’est en toi que je renais j’ai acheté le journal ils en parlent ils disent que j’ai raison de t’aimer ne meurs pas ! ce n’est pas annoncé ce n’est pas en première page et je n’ai pas fini de t’aimer. J’ai réservé une table au Restaurant des Morts-Debout on y mange à l’envers sa propre vie en racines par les deux bouts je te le dis ne meurs pas il faut encore que je t’écrive et je n’ai pas commencé c’est tout juste si j’ai appris à t’aimer.
    Ne meurs pas sans toi la solitude n’est pas solitude et je me vouvoie hors de moi dès que tu n’es pas là dis : ne meurs pas. Dis ne meurs pas quand même puisque je t’aime jusqu’à la fin de moi.

    (in: Je ne tutoie que Dieu et ma Femme).

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