Entendez-vous sonner la nuit
Au fond des impasses assoupies ?
Les nuages sont déchiquetés
Par la ronce des rayons lunaires
Le vent des barbelés s’est levé
Mais où sont-ils donc passés les hommes ?
Je ne vois que poubelles vidées
Fugitifs fantômes de rongeurs
Filant glissant comme des reproches
Entendez-vous sonner la nuit
Au-dessus du fleuve gras et gris ?
Les rives et les ponts sont dissous
Par l’acide du crachin jaunâtre
L’eau des venins a tourbillonné
Mais où sont-ils donc passés les hommes ?
Je ne vois qu’entrepôts désertés
Ombres épaisses des rafiots
Dansant grinçant comme des menaces
Entendez-vous sonner la nuit
Sur les éclats brisés de nos rêves ?
La peau de la ville est écorchée
Par nos courses d’aveugles errants
La terre des tombes est semée
Mais où sont-ils donc passés les hommes ?
Je ne vois que voitures brûlées
Squelettes fardés par la fumée
Puants béants comme des injures
Entendez-vous sonner la nuit
Près des silhouettes endormies ?
Les murs sont lavés de lumière
Par la salive des réverbères
Le feu va dérouler ses tapis
Mais où sont-ils donc passés les hommes ?
Je ne vois que débandade en bande
Vieux masques jetés à la hâte
Flottants coulants comme des regrets
Entendez-vous sonner la nuit ?
Mais où sont-ils donc passés les hommes ?
Jean-Noël Cuénod
Poème extrait d’ENTRAILLES CELESTES paru chez Edilivre, disponible à la Galerie ART-Aujourd’hui, 8 rue Alfred-Stevens Paris 9ème arrondissement ou directement chez l’éditeur par internet :
http://www.edilivre.com/entrailles-celestes-20bca8a41a.html#.VYlooEbeJRA
Merci pour ce beau poème qui ne fait pas semblant,si juste,si sensible