Il fait un monde à perdre pied… Ukraine, Russie, Iran, Israël, Chine, climat, Covid, ici, partout… Il y a de quoi en perdre son maigre reste de latin. De ce magma, comment s’extirper ? Retrouver tout d’abord le sel de la vie, décortiquer ces mots usés qui sortent de tous les bidules à sornettes, les moulins à sottises. Et en récupérer la saveur. C’est l’une des raisons d’être de la poésie.
Le Plouc reprend donc ses séries de tankas, à lire et à ouïr. Rappelons-en la définition. Le tanka est une forme de la poésie japonaise, ancêtre du haïku, plus connu. Il est composé en deux parties. L’une de trois vers de 5, 7 et 5 pieds ; l’autre de deux vers de 7 pieds chacun qui vient donner une sorte de conclusion à la première.
Dans ces séries, vous pouvez prendre chaque tanka pour lui-même, sans référence aux autres ou, au contraire, les lire de façon soudée, comme s’ils racontaient une histoire ou encore, changer l’ordre des tankas pour y retrouver d’autres histoires. Vous faites comme vous voulez. Vous êtes chez vous.
A LIRE
Mors aux dents la vie
Tout s’emballe tout déboule
Et tout se déballe
Il n’est pas fou le cheval
Il est ivre le cocher
Reprendre pied
Pour s’extirper du magma
Gangue de feux de bruits
Retrouver dans ses entrailles
Le chant de son rossignol
Les fougères tremblent
Le matou suspend son pas
Le grillon se tait
Le monde s’est effacé
Pour laisser place à l’instant
La noix du matin
Craque sous les dents solaires
Chair du jour à nu
Des volutes de nuit
S’échappent vers le néant
Sur le roc brûlant
Le merle aiguise son chant
Silence transpercé
Sur les troncs gouttes de sève
Et long ruban de parfum
Au sein de l’humus
Mille vies meurent mille morts vivent
Un seul mouvement
Peuplier rongé de vers
Dans le torrent le temps tombe
Va ne craint rien
Aucun soleil n’est de plomb
Sous ce ciel blême
Marche vers tes anciens
Leur parfum est un sourire.
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR
C’est fabuleux, il y a tant d’histoires !
Merci cher Jean-Noël