Gouvernement français – Et si on faisait une cure d’anarchisme?

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Dessin de l’excellent Burlingue que le Plouc intitule: »Deux acteurs du Microcosme saisis par le vide gouvernemental » ©Xavier_Bureau (Burlingue)

A ouïr les couinements qui vibrionnent sur les réseaux, l’Hexagone ne tourne pas rond. Comme tout hexagone qui se respecte, vous allez me dire. Et vous aurez raison. En l’occurrence, c’est avant tout le Microcosme qui semble atteint par un douloureux mal du vide. Car depuis le 16 juillet, il n’a plus de gouvernement, le pauvre.Le Microcosme, quésaco? L’expression vient d’un ancien premier ministre que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître: Raymond Barre.

Il qualifiait ainsi, le petit monde des courtisans politico-médiatiques en France. Univers restreint, certes. Mais faisant du bruyant babil son fonds de commerce.

Le voilà tout angoissé par le « vide gouvernemental ». La science nous a démontré qu’Aristote se fourrait le doigt dans l’oeil en affirmant que la nature avait horreur du vide.

En revanche, le Microcosme, lui, l’a tellement en horreur, ce vide, qu’elle nous le transforme en trop-plein.

La position du « démissionnaire »

Pourtant, pas de quoi paniquer. Les ministres – et le premier d’entre eux, Gaby-le-Sémillant – sont toujours en poste.

Oui, mais à l’état de zombies mi-vivants mi-morts (politiquement bien sûr) puisque le président Macron les a placés dans la position du « démissionnaire », si l’on me pardonne cette allusion grivoise teintée de colonialisme.

Ils ne sont donc là que pour « expédier les affaires courantes ».

Le zombie bouge encore

Toutefois, ça court parfois très vite, ces affaires-là.

Ainsi, le premier ministre « démissionnaire » Gabriel Attal a-t-il signé les lettres-plafond allouant leurs montants maximum à chaque ministère. Résultat: une nuée de protestations s’est élevée comme un nuage de sauterelles courroucées pour l’accuser de pondre un budget alors que son statut précaire ne l’y autorise pas.

Par exemple, Jean-Luc Mélanchon qui, avec son légendaire sens des nuances, réclame la destitution du président de la République. La prochaine étape, sera-ce la lame de la guillotine que Méluche fera étinceler dans ses propos?

Cela dit, même si le futur gouvernement pourra revenir sur ces lettres-plafond, un gouvernement zombie qui bouge encore, ça trouble les esprits. Enfin ceux du Microcosme.

Le Macrocosme s’en fiche

Car le Macrocosme – c’est-à-dire l’ensemble des citoyens – s’en fiche comme de son premier bulletin de vote. Tout occupé qu’il est à puiser dans son récent bonheur olympique les forces nécessaires pour affronter la rentrée sur laquelle souffle déjà le mufle sulfureux de l’inflation.

Après tout, il y a quatre ans la Belgique est restée sans gouvernement fédéral pendant 653 jours et ses citoyens s’en sont fort bien portés, rappellera peut-être le Macrocosme.

La France n’est pas encore sortie de l’auberge espagnole

Le Microcosme répliquera sans doute qu’on ne saurait confondre les deux pays. Etat fédéral, la Belgique peut s’appuyer sur ses exécutifs locaux pour assurer la gestion quotidienne. En France l’essentiel des décisions – qu’elles concernent Carcassone, Rudeau-Ladosse, Pontault-Combault ou Marseille et Lyon – doit être fulminé des hauteurs de Paris.

Que le Microsome se rassure: il aura bientôt son gouvernement et pourra faire joujou avec lui. Provoquer sa chute par exemple. Avec cette Assemblée sans vainqueur la chose est plus que probable. L’Hexagone n’est donc pas sorti de l’auberge. Espagnole, l’auberge, puisque chacun y apporte son manger en évitant tout repas en commun.

Une petite cure d’anarchisme de base?

Eh bien que le Macrocosme n’y entre point! Qu’il profite de cette brève vacuité gouvernementale pour faire une petite cure d’anarchisme.

Oh, modeste, la cure! Au ras du bitume ou des pâquerettes. Ce n’est pas demain matin que le Grand Soir va faire exploser ses feux d’artifices. Personne n’y est encore prêt. Il reste encore trop à perdre même si ce trop ne représente pas grand-chose.

Que le Macrocosme laisse le Microcosme s’agiter. Que chacun commence à discuter avec les voisins, les amis, les proches de ce que l’on pourrait faire ensemble, en limitant le plus possible les rapports avec les autorités de tous poils.

Un café associatif par exemple, un festival, des concerts, un groupement artisanal, un centre d’entraide, une chaîne de soutiens à l’agriculture vraiment paysanne.

Bref un projet fou ou sage. Mais un projet quoi! Un projet à vous. En faisant tout pour passer sous les radars des pouvoirs privés ou publics.

L’accumulation des petits projets fait parfois de grandes réalisations, du moins si l’on n’oublie pas cette fameuse maxime d’Etienne de la Boëtie:

Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.

Jean-Noël Cuénod

3 réflexions sur « Gouvernement français – Et si on faisait une cure d’anarchisme? »

  1. Rafraichissant !
    J’apprécie le pessimisme cool
    plus que le catastrophisme blasé!
    Que chacun balaie chaque soir déjà devant sa porte ouverte
    et les rues des lendemains feront chanter et danser les passants du hasard

  2. Inextricable; où qu’on se tourne, on rencontre des murs-ou le vide.
    Quelques parallélisme avec 1789; la fin d’un système ?
    Comment sera le suivant ?
    Espérons.

  3. Lucidité et humour,
    que faire de mieux aujourd’hui ?
    « Je m’empresse de rire de peur d’en pleurer. »
    Et le lien Microcosme (merci de nour rappeler Raymond Barre)
    et Macro(n)cosme. Cela fait du bien, un peu d’intelligence et
    un discours clair et non partisan?

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