Confinement : savoir-être dans l’attente

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Cela fera bientôt un an que Sa Majesté Covid XIX a commencé son règne. Mais on ne se fait toujours pas à sa plus perverse expression : l’attente. Hier soir, le premier sinistre Castex, façon supplice chinois, a remis quelques gouttes d’angoisse sur le crâne de ses administrés. Le confinement, ce n’est pas pour tout de suite. Sans doute pour bientôt. Mais rien n’est sûr.

Bref, nous ne sommes pas sortis de l’attente. Moins confortable d’ailleurs que celle de Kadhafi lors de sa visite à l’alors président Sarkozy.

A quelle sauce seront-ils mangés, les Français ou plutôt dans quelle mélasse seront-ils confinés ?Dans d’autres pays, même expectative sous des formes diverses. Les Suisses ne savent plus à quels commerces se vouer. Quels sont ceux qui sont ouverts, fermés, entre-deux ? Les sachants ne sachant toujours pas grand-chose et les décideurs ne décidant rien ou alors tout et n’importe quoi, le peuple mondial regimbe. Enfin, sa partie qui ne vit pas sous dictature.

Grogne batave

A preuve, les émeutes aux Pays-Bas qui ont éclaté récemment, les jeunes en ayant ras-le-bol d’être privés de liberté. Que les soixantuitards devenus chenus leur jettent le premier pavé ! Ils auraient sans doute fait bien pire à leur époque. Ne pas oublier que Mai-68 a eu pour étincelle l’interdiction à Nanterre des visites entre garçon et filles dans les résidences universitaires (du moins était-ce l’une des principales revendications du Mouvement du 22 Mars de Dany Cohn-Bendit). Alors, imaginez la réaction des étudiants d’alors devant la claustration obligatoire des jeunes pour protéger les vieux !

Pédalages et rétropédalages les deux mamelles du gouvernement Castex

Pour l’instant, les Français qui s’essentialisent souvent comme des frondeurs, des rouspéteurs, des contestataires, voire des révolutionnaires ne font pas honneur à leur réputation. Les voilà bien sages, malgré les pédalages dans la choucroute et les rétropédalages dans la semoule effectués – façon Schadok (voir la vidéo ci-dessous ; un épisode sur une « mystérieuse maladie », ça tombe bien !) – par leur gouvernement.

Remarquez, cette tranquillité n’est sans doute que passagère. Et Macron-Castex ne font pas pire que leurs collègues, tout aussi paumés.

Attendre donc. Mais attendre quoi ? Des mesures nouvelles ? Elles n’arrêtent pas de pleuvoir. La piquouze vaccinale ? Les doses ne sont pas encore disponibles ? Un nouveau variant ? Après le britannique et le sud-africain, un variant luxembourgeois ou guatémaltèque ? Allez savoir !

La Vierge de Nüremberg

Le mieux serait de n’attendre rien, ni du gouvernement ni de personne. La réalité virale échappe à tout le monde. Nous vivons dans une parenthèse qui s’est ouverte il y a un an et qui se refermera on ne sait quand.

De tous les symptômes générés par le Covid-19, celui de l’attente est l’un des plus insupportables. Les minutes passent, l’angoisse monte, grimpe et lâche tous ses fauves. Les infos nous placent dans une Vierge de Nüremberg[1]. Chaque nouvelle nous porte un coup poignard.

San Antonio santo subito !

Pour meubler cet espace, je ne vois guère que San Antonio et la prière, dans l’ordre qui vous sied.

Je parierai le mégot de Pinuche et le bada crasseux de Bérurier que les bouquins de l’inoubliable Frédéric Dard ont repris du poil de la bête depuis que nous sommes confinés. Mieux que tous les anxiolytiques qui vous ensuquent la comprenette, « Remets ton slip gondolier », « Concerto pour porte-jarretelles » ou « Les prédictions de Nostrabérus » vous remettent l’âme à l’endroit. Situations loufoques et totalement improbables (et improbablement totales) sont décrites par une langue d’une richesse, d’une inventivité, d’une saveur au-delà de tous les éloges.

Cet écrivain sublime que Le Plouc a eu le bonheur de connaître un tout petit peu fait du bien au-delà de sa tombe. San Antonio, santo subito ! Mais ce n’est pas demain que le pape le sanctifiera. Heureusement, d’ailleurs. Les saints restent de glace.

La prière est une gourmandise>

Quant à la prière, point n’est besoin d’être croyant pour s’y adonner. Il suffit d’ouvrir en vous un espace méditatif où vous passez en revue ce qui est vraiment essentiel à votre vie. Vous verrez alors vos pensées voler dans l’immensité cosmique. Vous prendrez conscience que vous êtes une particule dans l’infini du monde. Minuscule, certes. Mais essentielle pour que tout se tienne dans l’harmonie vitale. Alors, peut-être la période actuelle vous apparaitra comme un simple épisode de l’histoire des humains qui a connu bien pire. Et vous n’attendrez plus rien d’autre de la vie que l’apparition d’un ciel d’hiver à la fenêtre.

Vous verrez, il y a une gourmandise de la prière.

Ultime conseil du vieux Plouc : ne songez plus à l’avenir. Ce n’est qu’une béquille vermoulue pour un présent qui boite.

Jean-Noël Cuénod

[1] Une vierge de fer, également appelée vierge de Nuremberg, est un instrument de torture ayant la forme d’un sarcophage en fer ou en bois, garni en plusieurs endroits de longues pointes métalliques qui transpercent lentement la victime placée à l’intérieur lorsque son couvercle se referme. (Wikipédia)

ESPACE MEDIA, Schadoks, le retour

3 réflexions sur « Confinement : savoir-être dans l’attente »

    • Cher Jean-Noël !

      Grand merci pour ce savoureux rappel et souvenir de l’étincelle qui a préludé à la déflagration de MAI 68 ( y- a- pas de Mais ! Y en a qu’un seul… ) . J’avais 20 ans et pas le choix de faire autre chose que  » MAI 68  » , étant étudiant à la fac et , qui plus est résident à la Cité U ( chambre G 336 ) . Il me souvient de m’être réfugié chez une camarade, dans ce fameux bâtiment des Filles ; garçon peu présentable , maculé de sang et de boue ( On disait  » Nanterre – la boue « ) après une journée de bagarre. Je ne me souviens plus d’ avoir ou non respecté le couvre- feu de 22H . Encore merci ! Je te salue .Michel R.

  1. Un peu en retard pour te répondre. J’adore les Shadoks, quel vision d’avenir de l’époque et de passé actuel (ou presque). J’aime beaucoup ton dessin inspiré de Jerome Bosch.
    Amicalement

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