Marine Le Pen continue à faire patte de velours. La dédiabolisation de son Rassemblement National demeure à l’état de permanente rhétorique. A peine installés à l’Assemblée nationale française, les 89 députés RN se disent opposants «constructifs» au président Macron. Surtout pas «extrémistes de droite». Mais chassez le naturel, le voilà qui revient au galop. En l’occurrence, à Perpignan.
Cette ville de 120 000 habitants, préfecture des Pyrénées-Orientales, a pour maire depuis deux ans, Louis Aliot, chapeau à plumes du Rassemblement National, compagnon de Marine Le Pen de 2009 à 2019 mais resté fidèle sur le plan politique à la Cheffe RN.
Il fait partie de ces caciques du parti qui ont soutenu la stratégie de dédiabolisation qui vient de récolter ses premiers fruits juteux à l’issue des récentes élections législatives. Ne lui dites pas qu’il est d’ «extrême-droite», vous risqueriez de le fâcher tout brun !
Le fantôme de l’Algérie française
Cela dit, dès qu’il s’agit de feue l’Algérie Française, Louis Aliot ne peut se retenir. Sa mère fut «Pied-Noir» et son père, combattant dans l’armée française durant la guerre d’Algérie.
Il s’est donc lâché du 24 au 26 juin derniers, lors des commémorations consacrées au soixantième anniversaire du rapatriement des Français d’Algérie à la suite du cessez-le feu du 19 mars 1962, manifestations organisées avec l’appui de la mairie de Perpignan (60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie).
Le maire a particulièrement mis à l’honneur les terroristes de l’OAS – Organisation Armée Secrète – qui a semé la mort peu avant, pendant et après le processus de l’indépendance.
Les putschistes citoyens d’honneur
Il a même élevé au rang de citoyens d’honneur de Perpignan les principaux protagonistes du putsch d’Alger 1961, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc et le « quarteron des généraux en retraite » brocardé par le président de Gaulle dans son célèbre discours du 24 avril 1961, à savoir Challe, Salan, Jouhaud et Zeller.[1]
Leur but était de mobiliser l’armée pour contraindre, par la force, le gouvernement gaulliste à renoncer à rendre son indépendance à l’Algérie. Le coup suivant était, sans nul doute, d’instaurer un exécutif autoritaire à la place du pouvoir démocratique, coupable, selon eux, d’abandonner l’Algérie.
Certes, l’OAS n’avait guère d’autre idéologie que celle de s’opposer par tous les moyens à l’indépendance de l’Algérie. Dans ses rangs figuraient des antisémites et des juifs, d’ex-socialistes et des fascistes déclarés, des pétainistes et d’anciens héros de la Résistance. Il n’empêche que les seuls milieux qui les soutenaient ne se trouvaient ni à l’extrême-gauche, ni à gauche, ni au centre, ni à droite – l’OAS a mené plusieurs tentatives d’assassinats contre de Gaulle (l’un a failli réussir au Petit-Clamart le 22 août 1962) – mais dans les mouvements d’extrême-droite fascistoïdes. Qui, d’ailleurs, seront fédérés par Jean-Marie Le Pen, lors de la création du Front National, ancêtre du RN, en 1972. Oui, le monde est petit aux extrêmes !
L’héritage de l’extrême-droite
Même si aujourd’hui, Louis Aliot et les siens nient l’empreinte fascistoïde de l’OAS en soulignant la diversité idéologique de son recrutement, il n’empêche que l’Organisation n’aurait pu qu’instaurer un pouvoir totalitaire en France pour atteindre son but.
En effet, s’ils avaient réussi leur coup, les putschistes auraient dû museler tous les secteurs sociaux, médiatiques, politiques et économiques de la France d’alors, tant la poursuite de la guerre d’Algérie se révélait impopulaire. Le référendum du 8 janvier 1961 sur l’autodétermination de l’Algérie avait été approuvé par 75% du corps électoral français.
Dès lors, en glorifiant l’OAS et les putschistes, Aliot revendique un héritage historique qui appartient clairement à l’extrême-droite.
Dis-moi qui sont tes parrains idéologiques, et je te dirais où tu dois siéger dans l’hémicycle.
Jean-Noël Cuénod
[1] Ce discours télévisé et radiodiffusé a contribué d’une manière décisive à l’échec du putsch par cette injonction destinée en premier lieu aux militaires présents en Algérie : « Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens – je dis tous les moyens – soient employés partout pour barrer la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire. J’interdis à tout Français, et d’abord à tout soldat, d’exécuter aucun de leurs ordres ». De Gaulle avait trouvé un précieux allié dans le transistor qui a permis à chaque militaire d’écouter en direct son discours.
Merci de rappeler ces souvenirs sinistres que Marine essaye de faire oublier en caressant ses chats et en faisant croire qu elle aiderait les plus pauvres pour le pouvoir d achat !!On a tendance à vite oublier ce qui s est passé ds les années 50/60 Merci de le rappeler surtout aux plus jeunes.