#RESISTANCE . Texte à lire et à ouïr– MUR MÛR

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 » Dans ce mur, ça crie, ça gémit, ça pleure. »

Quand le mensonge se transforme en vérité, quand l’agresseur prend le masque de la victime, quand le voyou se mue en roi, quand l’esclavage se déguise en liberté, quand les sectateurs de l’ordre préparent le désordre pour en profiter, ce que chacun croyait impossible devient plus que probable. Tu es devant un mur qui murmure. Et il ne te veut pas du bien. Prépare-toi!

A LIRE

Surgi des ténèbres océanes, un mur. Un mur qui bouge. Mais un mur quand même. Liquide. Sa masse le rend solide. Dans ce mur, ça crie, ça gémit, ça pleure.

Il s’élève toujours plus haut. En mord le ciel avec les crocs de son écume. Reste immobile en équilibre fragile.

S’effondre, redevient liquide, dans un fracas de maisons explosées, de monuments fracassés, de foyers détruits, de forêts arrachées comme on arrache la peau des torturés.

La ruine déroule ses rouleaux d’images tordues, d’eau sale et de sang, d’animaux et d’humains en morceaux.

Il redevient mur. Reprend sa course hurlante vers le ciel. Pour s’effondrer derechef.

A chaque effondrement, à chaque résurrection, le mur s’avance vers toi. Il y a peu, les ténèbres océanes dormaient sans faire de vagues. Pas même une vague vaguelette. Toi aussi tu dormais. « Peinard ». Tu aimais bien ce mot veule et vulgaire qui te ressemblait. Pourtant, « peinard » contient en lui l’« art de la peine ». Cela t’avait échappé. Tout t’échappe.

Le mur se rapproche. Courir? Mais où? L’horizon de referme sur toi. Impossible de reculer, de biaiser. Il te submergera. Ne perd pas tes forces en vaines agitations. Prépare-toi à être englouti.

C’est le monde qui se tsunamise en même temps qu’il se déshumanise. Tu aurais pu l’éviter. Tu ne voulais rien entendre, ne rien voir, ne rien sentir.

Tu espérais que d’autres s’en chargent. Des autres juchés plus hauts que toi. « C’est à eux d’agir » disais-tu.  Mais voilà, comme tu ne bougeais pas, ils ont trouvé plus confortable de rester immobiles.

Une foule sans visage a fait comme toi, c’est-à-dire  rien, si ce n’est suivre les clowns. C’est sympa, les clowns. Ça fait rigoler les enfants. Ça distrait les parents. Tu voulais « penser à autre chose ». Mais c’est « autre chose » qui t’a pensé.

Et les clowns maintenant font du surf sur le rouleau des vagues du mur qui s’effondre-s’élève-s’effondre. L’insulte toujours à la gueule, ils paraissent

moins sympas maintenant, les clowns.

Le mur est prêt à t’avaler. Fais provision d’air. Tu en ressortiras de toute façon, mort ou plus vivant que jamais.

Lorsque tu seras malaxé par les ténèbres océanes, si tu as en toi assez de force, tu verras cette étoile que tu as tellement cachée au fond de toi que tu l’avais oubliée.

Oubliée depuis ton cinquième anniversaire. Jusqu’alors tu étais tout à la fois corps-âme-esprit. Mais pour singer tes parents, tu as troqué ton paradis pour ne vivre que dans la seule dimension des adultes.

Récupère cette étoile au fond de tes gouffres, si tel est désormais ton vrai désir. Echoué dans les algues des ténèbres océanes, tu pourras offrir à ta vie un souffle plus intense. A toi de choisir. Au pied du mur, tu es.

Jean-Noël Cuénod

A OUÏR

1 réflexion sur « #RESISTANCE . Texte à lire et à ouïr– MUR MÛR »

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