Paula White-Cain, la mante religieuse de Donald Trump

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Paula White-Cain, l’âme damnée du président étatsunien ©Wikimedia Commons.

Parmi les mesures bouleversifiantes prises par Trump dans ses Cent-Jours rugissants, celle-ci est passée inaperçue : la création au sein de la Maison Blanche d’un « Bureau de la Foi » afin de renforcer au cœur du pouvoir, l’influence des sectes les plus intégristes. A la manœuvre, Paula White-Cain, une mante religieuse aussi venimeuse et avide qu’allumée et ambitieuse.

Certes, sous Bush junior et Obama, il a existé à la Maison Blanche des Bureaux destinés à aider les oeuvres de bienfaisance, religieuses ou non. Mais  choisi par Trump himself, le nom même de cette nouvelle officine – « White House Faith Office – WHFO » (Bureau de la Foi de la Maison Blanche) – suggère qu’il s’agit désormais d’autres choses.

Donald Trump a la calotte furieuse

Outre l’octroi de subsides à des associations caritatives chrétiennes, le Bureau de la Foi poursuit un autre but, beaucoup plus idéologique: offrir aux réseaux les plus intégristes du christianisme un accès direct et privilégié à Donald Trump et à son administration, selon le site The Conversation .

Depuis son attentat manqué le 13 juillet dernier, le président étatsuniens se voit protégé par Dieu. C’est Lui qui a détourné la balle de son mortel destin. Depuis, entre deux vomissements d’injures, Trump clame à qui veut l’entendre que son devoir est « de sauver la religion dans ce pays ». L’Eructant de Washington a vraiment la calotte furieuse!

Le président étatsunien a confié la direction du Bureau de la Foi à la télégénique télévangéliste Paula White-Cain qui est sa conseillère spirituelle depuis plusieurs années. Difficile de trouver plus réac, plus fascisante, plus intégriste, plus bigote mais aussi plus éloignée du Nouveau Testament que cette pasteure de 54 ans, native du Mississippi.

La mante religieuse et ses diaboliques réseaux

Selon le professeur canadien André Gagné (1), Paula White-Cain dirige le puissant et influent réseau de prière One Voice Prayer Movement. Le magazine belge Moustique  énumère les chevaux de bataille de ce réseau: « interdiction de l’avortement, retour à la peine de mort dans tous les Etats, enseignement du créationnisme, prière obligatoire dans les écoles, opposition aux droits des personnes LGBTQ+ »

Dès qu’il y a une idée fascisante qui traîne, soyez certains que One Voice Prayer Movement la ramassera pour la faire sienne, la bénir, puis la promouvoir.

Que ce ramassis d’idées rances se situe à des années-lumière du message chrétien n’a aucune importance. Pour ces charlatans de la foi, il s’agit de fabriquer une idéologie néofasciste en la peinturlurant d’une teinte pseudo-spirituelle dans le but de séduire les populations orphelines de cette transcendance que les Eglises chrétiennes officielles n’ont pas su faire vivre.

Paula White-Cain – qui tient désormais les clefs religieuses de la Maison-Blanche – a trouvé un moyen très efficace de faire fortune.

Elle fait partie d’un courant minoritaire au sein de la nébuleuse évangélique étatsunienne: les néocharismatiques qui développent une sorte de « théologie » de la prospérité. La richesse est le signe que vous êtes dans les petits papiers de dieu (je réserve la majuscule à l’Eternel et non à ses succédanés capitalistes) et si vous êtes pauvres, c’est que vous ne méritez pas son amour. Allez vous faire voir ailleurs, chez Satan par exemple!

La prophétesse roule en lamborghini

En quoi consiste sa méthode pour soutirer du fric? Paula White-Cain réclame à ses fidèles de lui envoyer le plus d’argent possible. Ces dons sont nimbés d’un charme particulier pour qui les reçoit: ils  ne sont pas imposables.

En retour, ses généreux disciples se verront récompenser au centuple. Mais au ciel! Et dire que la Réforme protestante est née du rejet par Martin Luther des Indulgences lorsque l’Eglise catholique renflouait sa trésorerie en assurant le paradis aux fidèles qui crachaient à son bassinet!

Pour promouvoir son entreprise de charité envers elle-même, Paula White-Cain s’appuie sur ses réseaux sociaux et religieux, son émission de télévision Paula Today et sa méga-église Without Walls. Si les donateurs regimbent, elle n’hésite pas à leur promettre les foudres de l’enfer.

Jésus Christ n’a jamais fait du jet-ski aux Iles Caïman

Et ça marche! Elle possède un manoir de 750 mètres carré à Tampa, un logement en copropriété valant 3,5 millions de dollars dans la – c’est évident! – Trump Tower à New-York, exploite un jet privé, roule en lamborghini, s’offre des voyages de luxe aux Iles Caïman.

Dire que Jésus Christ n’a jamais fait du jet-ski aux Iles Caïman… Quel loser ce mec!

Avec cinq autres tenanciers de méga-églises, elle a fait l’objet d’un rapport carabiné de la Commission des finances du Sénat où elle était accusée d’avoir détourné des fonds caritatifs exonérés d’impôt. Allez savoir pourquoi, ce rapport est resté lettre morte. La providence divine sans doute. Ou alors un effet de la forte influence qu’exerce Paula White-Cain sur la nomenklatura de Washington…

Trumpisme et islam politique: la modernité régressive

Le trumpisme partage au moins un trait commun avec l’islamisme politique: la modernité régressive, mélange entre une idéologie rétrograde, et même arriérée, avec l’utilisation massive des technologies les plus novatrices. Dans l’un et l’autre cas, le mélange fonctionne à merveille. Ce n’est pas parce que l’on est un crack de la Silicone Valley que, sorti sa sphère de compétence, on échappe au crétinisme le plus consternant.

En offrant à des sectes une plateforme d’actions d’une rare efficacité, Donald Trump cherche à abattre l’un des piliers traditionnels de la politique étatsunienne, la séparation des Eglises et de l’Etat.
Contrairement à une idée reçue, les Etats-Unis vivent en laïcité, même si ce mot n’est pas utilisé outre-Atlantique. Le premier amendement de la Constitution étatsunienne interdit l’établissement d’une Eglise d’Etat. Dans une lettre écrite en 1802 aux baptistes de Danbury, le président des Etats-Unis Thomas Jefferson avait décrit ce premier amendement comme érigeant un « mur de séparation »  (wall of separation) entre l’Etat et les Eglises.

Abattre un pilier de la démocratie aux Etats-Unis

Ce « wall of separation », Donald Trump – très lointain successeur de Thomas Jefferson – s’apprête à l’abattre avec l’aide active de son « Bureau de la Foi ». Il s’agit pour lui et ses comparses intégristes de se débarrasser de tout ce qui constitue l’arsenal d’une démocratie dont la liberté de conscience constitue l’une des armes essentielles.

Le trumpisme remplace donc la foi par la superstition, la science par la technologie, le débat par l’injure, la protection par la prédation.

C’est bien un projet totalitaire d’asservissement des consciences que Donald Trump et sa mante religieuse sont en train de développer aux Etats-Unis avec l’espoir de faire tache d’huile en Europe. D’où le soutien hyperactif du vice-président Vance aux néonazis allemands de l’AfD. Voilà le sort que les Etats-Unis trumpisés veulent réserver aux Européens.

Jean-Noël Cuénod

1 Auteur du livre « Ces évangéliques derrière Trump » Editions Labor et Fides.

Le vote religieux aux Etats-Unis

Groupes religieux

Pourcentage de votes pour Trump

Chrétiens blancs évangéliques ou nés de nouveau 82%
Protestants blancs (non évangéliques) 63%
Catholiques blancs 63%
Catholiques (toutes origines) 59%
Protestants/Hispaniques évangéliques 64%
Catholiques hispaniques 43%
Protestants noirs 13%
Juifs 22%
Musulmans 33%
Mormons 60%
Personnes sans affiliation religieuse 27%

Données issues des sources suivantes: Pew Research Center, Public Religion Research Institute (PRRI), The Washington Post, Religion News Service, collationnées à l’aide de l’intelligence artificielle.

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