Ils savent tout faire, ces trois dingos de la Moustache Academy : danser, raper, hiphoper, chanter, sauter, bavarder pour le plus grand bonheur de vos mômes qui, avec ces Moustaches-là, ne vont pas se barber.Leur spectacle commence dès le 12 octobre jusqu’au 7 décembre, à La Nouvelle Scène, tous les mercredis à 15h.30 (durée : une heure). C’est une Péniche, installée en face du 3, quai de Montebello, côté Pont de l’Archevêché.
Ce trio – Mathurin Meslay, Astien Bosche et Ed Wood – et le metteur en scène Julie Chaize désamorcent toutes les situations potentiellement explosives qui surviennent dans ce monde impitoyable, la classe d’école. Ces acteurs savent de quoi ils parlent et avec qui ils jouent puisque depuis huit ans ils animent des ateliers d’écriture destinés aux enfants.
« Ça me manquait ! » ainsi commencent les Moustaches qui vont se replonger dans le bain scolaire malgré leur très grand âge. Ils ont 35 ans. Au moins… Mine de rien, sans y toucher, les trois galapiats abordent toutes les discriminations qui surgissent comme des diables de leur boîte à la récré, à la gym, à la cantine : le binoclard, le garçon qui préfère la danse au foot, l’intello trop brillant qui rate ses copies pour ne pas se faire agresser par les cancres, celui et celle qui n’ont pas la même couleur de peau, pas la même façon de manger. Aux filles rêveuses, Moustache Academy démontre que devenir une princesse, ce n’est pas de la tarte. La violence aussi est alchimisée en « vengeance comique ». User du rire à pleine gorge plutôt que du poing sur le nez.
Il n’y a que les adultes pour peindre en rose la vie des gosses. Le désespoir, le découragement, le gros blues bien collant, c’est aussi le quotidien de l’écolier. Moustache Academy ne le prend pas à la légère, ce blues, puisqu’ils le transforment en chanson.
Nos trois mousquetaires (la quatrième étant la metteure en scène) font aussi aimer la langue française à des enfants qui subissent chaque jour le matraquage du franglais, ce sabir glauque et gluant. Une langue française qui joue, qui pétille, qui rit, comme dans Molière. Classique et ludique, ça rime. On l’avait oublié.
A aucun moment, Moustache Academy ne trempe ses bacchantes dans le bouillon prêchi-prêcha ou la guimauve fondue du gnangnan. Bref, cette académie-là fait plus pour l’harmonie joyeuse dans les préaux que toutes les réformes, plus ou moins baveuses, de l’enseignement. La paix des grands commence à la récré.
Jean-Noël Cuénod
Renseignements pratiques : rendez-vous sur le site: http://www.lanouvelleseine.com/event/moustache-academy/2016-11-23/
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