Livres – Un jeune poète « En lisière d’horizon »

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Bernard-Olivier Posse, auteur d’ « En lisière d’horizon »(©JNC-Beaurecueil-Forge de la Poésie)

C’est toujours émouvant d’assister à l’éclosion d’un poète. D’un vrai. Pas d’un de ces imposteurs médiacrates pour chansonnettes franglaises qui se donnent «l’air de». Alors que justement, cet air, ils nous le pompent! Grave! Avec Bernard-Olivier Posse nul risque. Son premier recueil de poésie, En lisière d’horizon (Editions des Sables), le démontre par l’irréductible authenticité de sa démarche.

Jeune docteur veveysan en littérature française, prof de français et de latin au Lycée-Collège de La Planta à Sion, Bernard-Olivier Posse a déjà publié un roman (Au royaume des indifférents, Editions 5sens). Son premier recueil de poésie vient de sortir aux Editions des Sables (Collection « Rose des Sables ») que dirige la poétesse genevoise Huguette Junod. 

Le titre choisi, En lisière d’horizon, vient éclairer cette quête de l’indicible que tous les poètes partagent comme autant de chasseurs en marche vers un impossible gibier.

Car il s’échappe toujours, ce gibier. Heureusement d’ailleurs. Que ferait-on de son cadavre? 

Dire l’indicible

Rendre visible l’invisible et l’inouï audible, c’est qui distingue le poète du prosateur; dépasser l’oxymore, lui donner images et couleurs, afin qu’il ne s’embourbe pas dans l’aporie. La mission n’est impossible qu’à ceux qui ont peur du vide. Si vous êtes sujet au vertige, passez votre chemin.

Ce chemin, Bernard-Olivier Posse s’y engage d’un pied léger, le long de la lisière et vers l’horizon. La lisière n’est pas le clair-obscur, c’est-à-dire la lumière qui met de l’eau dans son vin, ni la mangrove qui fait compromis entre les racines et la mer. Elle marque la frontière entre la forêt, à laquelle elle appartient, et le champ.

 La lisière sauvegarde le caractère ténébreux de la forêt. Les ténèbres ont trop bien compris la lumière, elles la protège des évidences toujours trompeuses. Ta démarche / dit ce que la lumière elle-même / n’ose exprimer / son allégeance à l’obscur, avertit l’auteur.

Guide insaisissable

L’horizon, lui, n’a pas de frontières. Ou plutôt, il les franchit comme si elles n’avaient aucune consistance, aucune présence réelle. A chaque pas, il se dérobe, nous laissant nus.

 Nus mais « orientés », c’est-à-dire rendus à cet Orient qui a donné corps aux grands mythes. Guide insaisissable. Guide parce qu’il est insaisissable. La poésie est le moyen que la vie a trouvé pour s’adresser à chacun sans intermédiaire / Miracle immaculé, elle est le lieu d’où tout revient; l’horizon vers lequel tout s’arrête, lit-on au fil d’En lisière d’horizon.

Guide insaisissable et forêt protectrice, l’amour est à la fois horizon et lisière, soleil qui fait s’évaporer tout ce qui n’est pas lui: Tu m’as asséché / comme un soleil le ferait / me faisant vapeur pour que / je me rapproche un peu plus de / Toi.  

L’amour comme la poésie – les deux se confondant comme le font les serpents au printemps – vont à l’essentiel, à l’essence-ciel où l’esprit prend corps.

Jean-Noël Cuénod

En lisière d’horizon – Bernard-Olivier Posse – Editions des Sables-Collection « Rose des Sables » à Genève- 83 pages.

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