Le crime légal se porte bien, merci!

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Au moment où la France annonce l’entrée de Robert Badinter au Panthéon, le nombre des exécutions explose ©Wikimédia Commons

Amnesty International a publié mardi 8 avril son rapport annuel sur les exécutions des peines de mort prononcées dans le monde par les tribunaux de pays qui tuent encore légalement. Les bourreaux n’ont pas chômé en 2025: Amnesty a recensés 1518 exécutions en 2024, nombre le plus élevé depuis dix ans.

Cela dit, la réalité est forcément encore plus sanglante puisque la Chine, qui exécute à tour de bras, ne publie aucune donnée à ce propos, de même que le Viet-Nam et la Corée du Nord.

En outre, selon l’estimation d’Amnesty International, trois pays représentent à eux seuls 91% des exécutions recensées l’en passé: Iran, Irak, Arabie Séoudite.

Ironie de l’actualité, ce même mardi on apprenait que Robert Badinter – symbole de la suppression de la peine capitale en France – entrera au Panthéon le 9 octobre prochain.

Dans ce contexte, ce poème, à lire et à ouïr

A LIRE

Le tournis

J’ai traversé le mur de la peur
Et j’ai regardé
Et j’ai regardé les têtes tranchées
Qui dansent tout autour de la planète
Toutes les têtes que l’homme s’est offertes
Depuis le jour où il s’est pris pour un homme

La tête des rois la tête des gueux
La tête qui criait son innocence
La tête qui implorait le pardon
La tête qui injuriait Dieu
La tête qui jetait des sorts à ses juges

Elles tournent tant que j’en ai le tournis
Empêchent le soleil de pénétrer
De leur cou déchiré suinte le sang
Pluie inféconde sur sol sans mémoire

J’ai traversé le mur de la peur
Et j’ai écouté
Et j’ai écouté les mots essoufflés
Qui se trainent dans le sein du silence
Tous les mots que l’homme a souillés pillés
Depuis qu’il s’est pris pour un dieu

Les mots des justes les mots des bourreaux
Les mots qui faisaient palpiter les cœurs
Les mots qui tombaient comme des verdicts
Les mots qui arrachaient toutes les chaînes
Les mots qui créaient toutes les prisons

Ils tournent tant que j’en ai le tournis
Empêchent la lune de rayonner
De leur cadavre suinte le jus
Pluie qui va renouveler le Verbe.

Jean-Noël Cuénod

A OUÏR