Fillon, Juppé, Sarkozy, Baroin « déménage à 4 »

 

Fillon-Juppé-Sarkozy

Entre Sarkozy et Fillon, Juppé se met-il le doigt dans l’oeil?

Le candidat des Républicains est abandonné par son propre camp. La pagaille règne de plus belle au sein de la droite. Juppé est contré par Baroin. Sarkozy tente de tirer les ficelles.Il faut se méfier des boulevards, en politique française ils conduisent souvent à des impasses. Ainsi, celui qui devait s’ouvrir vers l’Elysée sous les roues du bolide François Fillon, brillamment élu à la primaire de la droite classique, est aujourd’hui réduit à l’état de sentier sous une avalanche de rochers, après sa convocation par la justice en tant que mis en examen (inculpé). Pour l’instant, Fillon joue les grands fauves qui, malgré leurs blessures, poursuivent la lutte. Afin de bien montrer qu’il reste candidat à la présidence de la République, il a envoyé hier après-midi aux rédactions, son agenda de meetings. Et compte, pour se relancer, sur le succès de la manif de soutien organisée, dimanche à Paris, par les catholiques conservateurs du groupe Sens commun.

Mais son parti Les Républicains a déjà tourné la page Fillon. Dès lors, la lancinante question du Plan B redevient d’actualité. Une fois de plus, les regards se tournent vers Bordeaux, fief d’Alain Juppé, le finaliste malheureux de la primaire de la droite. Son piètre score (33,5%) face à Fillon ne l’engageait pas à jouer les roues de secours pour la droite classique.

Toutefois, comme la campagne présidentielle rebat les cartes à folle allure, Juppé se voit accorder une seconde chance inespérée. Sa longue expérience gouvernementale en fait un candidat de rechange solide à défaut d’être enthousiasmant. De plus, un sondage publié hier le donne en tête pour la course présidentielle, juste devant Emmanuel Macron, Marine Le Pen étant reléguée à la troisième place, ce qui l’empêcherait de figurer au second tour.

Baroin- Juppé-Fillon

François Baroin boira-t-il la tasse?

Juppé dans le panier de crabes des quinquas

Par conséquent, l’entourage d’Alain Juppé a fait passer ce message aux médias vendredi: le maire de Bordeaux «ne se défilera pas»; il est prêt à représenter la droite dans la compétition présidentielle, «à la condition que François Fillon retire sa candidature» et de recevoir « un soutien unanime de son parti » Les Républicains. Ce dernier point est très loin d’être acquis. En effet, Juppé compte de farouches ennemis parmi les «chapeaux à plumes» de la formation LR. Ainsi, le clan de Sarkozy semble soutenir François Baroin pour remplacer François Fillon, comme l’a proclamé Nadine Morano, vendredi matin. Entre Baroin et Alain Juppé, l’inimitié remonte à 1995. Porte-parole du gouvernement, François Baroin avait été «viré comme un malpropre» (selon les termes même de l’intéressé) par l’alors premier ministre Alain Juppé.

Durant la récente primaire de la droite, Nicolas Sarkozy a pris Baroin sous son aile en lui promettant le poste de premier ministre en cas de retour à l’Elysée. Après les déboires judiciaires de Fillon, le protégé de Sarkozy s’est aussitôt posé en Plan B contre Juppé. Mais ce faisant, Baroin (52 ans) a ligué contre lui ses principaux rivaux issus de la même génération, à savoir Valérie Pécresse (50 ans), Bruno Le Maire (48 ans) et Xavier Bertrand (52 ans), qui, eux, misent sur Alain Juppé dont l’âge, 72 ans, leur laisse l’espoir d’une succession à plus ou moins brève échéance.

Sarkozy rêve-t-il toujours ?

En coulisse, Nicolas Sarkozy tente de tirer les ficelles du parti LR, malgré son retrait de la vie politique active. Hier, il a reçu à son bureau deux poids lourds de la droite, Bernard Accoyer et Gérard Larcher, sans doute pour préparer l’ «après-Fillon». Sarkozy et son clan pourraient, en fin de compte, accepter la candidature de Juppé, mais il faudra que ce dernier donne des gages sous forme de places de premier plan en cas de victoire. Sinon, les sarkozystes disposent toujours du joker Baroin.

Et puis, Nicolas Sarkozy aurait-il vraiment fini de rêver à l’Elysée ? S’agissant de la droite la plus folle d’Europe (depuis Trump, la droite américaine a fait encore mieux en matière de dingueries), tout est possible, même un retour de l’Ex, alors qu’il a été doublement perdant, en 2012 et lors de la primaire de la droite.

Une chose, au moins, est certaine. Il n’y aura plus de boulevards vers l’Elysée, ni pour l’un ni pour l’autre, seulement des routes semées d’embûches.

Jean-Noël Cuénod

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