Elections fédérales: l’UDC vainqueur mais pour quoi faire ?

Le parti UDC a donc gagné les élections, comme prévu. Pour l’instant, il réclame un second siège au Conseil fédéral. Son importance numérique autorise cette revendication. Mais pour quoi faire ? Rappelons, car on a tendance à l’oublier sur la photo du gouvernement, que son seul représentant est, pour l’instant, le ministre de la Défense Ueli Maurer. Son action à la tête de l’armée est à l’image de son charisme de sac à pain oublié dans une guérite.

Maurer

Sous sa direction, l’armée suisse n’a cessé de voir ses effectifs se réduire à la vitesse de la fonte des glaciers alpestres. Peut-être est-ce une bonne chose sur le plan financier et budgétaire. Mais c’est tout de même curieux de constater que l’auteur de cette cure de minceur est un nationaliste fervent, héraut d’une défense forte, issu d’un parti qui veut transformer la Suisse en forteresse assiégée. Une cure qui intervient au moment même où l’Europe subit les assauts du terrorisme et assiste au regain de militarisme en Russie. Quant à l’achat d’avions de combat Gripen que Maurer a voulu imposer, il a explosé en vol, le peuple suisse l’ayant refusé par plus de 53% de voix en mai 2014.

A quoi sert Ueli Maurer pour la Suisse ? A rien. Et pour l’UDC ? A rien non plus.

De même, lorsqu’il fut élu en 2004, avant d’en être éjecté trois ans plus tard par l’Assemblée fédérale, Christoph Blocher, s’est principalement illustré en semant la zizanie au sein de gouvernement. Le patron de l’UDC avait alors démontré son incapacité foncière à se hausser à la stature d’homme d’Etat. Bref, le bilan des blochériens au gouvernement relève de la calamité.

Le défi que doit affronter la Suisse désormais, c’est le franc fort. Pour un pays dont l’industrie ne vit que grâce aux exportations, la situation se révèle on ne peut plus périlleuse. Or, à cause de l’initiative de l’UDC du 9 février contre la libre circulation des Européens, nos relations avec nos voisins et clients de l’Union sont altérées. Le bras de fer qui oppose la Suisse aux 28 pays de l’UE nécessite un Conseil fédéral fort et uni. Avec deux UDC au gouvernement, ce serait plutôt mal parti.

Comment les deux partis de la droite, les libéraux et ultralibéraux du PLR et les xénophobes de l’UDC pourraient-ils trouver un terrain d’entente, alors que sur ce plan au moins, tout les oppose ? Et si, par miracle, ils y parvenaient, les deux ministres UDC risqueraient fort de passer pour des mous manipulés, incapables de faire passer les idées du parti xénophobe dans la réalité. Ce qui créera un sacré rodéo dans les réunions internes.

Il est un chapitre au moins sur lequel  les deux droites s’entendront, ce sera pour s’attaquer aux acquis sociaux. Mais alors le Parti socialiste, qui a tout de même assez bien résisté aux élections de dimanche, se refera une stature de combattant de la cause des travailleurs et occupera cette scène médiatique que l’UDC a su monopoliser pendant des lustres.

Dans tous les cas de figure, la présence renforcée du parti xénophobe au Conseil fédéral risque de poser bien des difficultés, encore plus à l’UDC elle-même qu’aux autres partis. Le parti blochérien a gagné en agitant l’émotion née des vagues migratoires. Certes, les bons sentiments ne font pas une politique, mais les mauvais non plus. Seule la raison est à même de résoudre les équations complexes du monde présent. Jusqu’à maintenant, l’UDC n’a pas démontré qu’elle en était bien pourvue.

 Jean-Noël Cuénod

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