De l’indispensable inutilité de la poésie

« Ça rime à quoi ? », la seule émission radiophonique de poésie: supprimée de la grille de France-Culture ; la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines près de Paris : asphyxiée par fermeture du robinet à subventions; le Festival de Lodève : rayé de la carte. Ces trois emblèmes de la poésie en France vont donc passer par pertes et profits. Une pensée pour Sophie Nauleau, poétesse et productrice de «Ça rime à quoi ? » qui a défendu, toutes griffes dehors, la cause de la poésie chez les médiacrates. Une autre pour le maire et poète Roland Nadaus, qui a créé la Maison de Saint-Quentin-en-Yvelines. Une troisième pour Marc Delouze, cofondateur du Festival de Lodève, et infatigable animateur de l’association Les Parvis poétiques[1].
Toutes ces mises à mort se sont déroulées dans un silence criant d’indifférence. Les protestations qui se sont élevées, ici et là, n’ont pas atteint l’ouïe des médias, sourds mais point muets, hélas. Continuer la lecture

MIRAGE VALAISAN

 

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Haleine solaire sur les mélèzes

Leur peau verse des larmes de résine

Parfum de chapelle à l’ombre des pentes

Qui serpentent vers le nid des chalets

 

Coups d’encensoir le long des sentiers

La marche a pour oraison l’horizon

Mais la messe n’est pas encore dite

Sous les souliers roulent les pierres

 

Vêtu de ciel le vide menace

Espérer la présence secourable

Car dans la chaleur les morts reviennent

Sache-le les morts toujours reviennent

 

Leurs pas vibrent à l’unisson des nôtres

Comme un rire venu du fond des âges

Fragiles fragments de l’éternité

 

Dès qu’un bruit de ville retentit

Ils disparaissent et nous laissent seuls

Face à la plaine de tous nos vertiges

Jean-Noël Cuénod

Photo © JNC vers le sommet de Chrindellicka (Lötschental)

Jean-Noël CUÉNOD vient de publier ENTRAILLES CÉLESTES, préfacé et illustré par Bernard THOMAS-ROUDEIX. Il est édité par Edilivre à Paris et disponible directement chez l’éditeur en cliquant sur ce lien :

http://www.edilivre.com/entrailles-celestes-20bca8a41a.html – .VYlooEbeJRA

 

 

FAIT DIVERS

COUVERTURE

L’éclair embrasse la mer

Les nageurs blêmes s’extirpent

Hors de l’eau sans cri sans mot

La peau enduite de sel

Léchée par le vent d’autan

Lampes de chair ils s’éteignent

Absorbés par les ténèbres

Jean-Noël Cuénod

Ce poème fait partie de l’ouvrage ENTRAILLES CELESTES de Jean-Noël CUÉNOD, préfacé et illustré par Bernard THOMAS-ROUDEIX. Il vient d’être édité par Edilivre à Paris et disponible directement chez l’éditeur en cliquant sur ce lien :

http://www.edilivre.com/entrailles-celestes-20bca8a41a.html#.VYlooEbeJRA

GENÈVE

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L’air s’engouffre dans la chemise de la ville

Enduisant sa peau d’une fraîcheur d’église

 

Elle aimerait se rouler dans sa nudité

Et laisser ses désirs s’assouvir au soleil

 

Mais la ville se retient au bord du vide

La passion et ses sortilèges l’embarrassent

 

Dans les parcs ses rosiers sont bien taillés

Ses roses colorent la nuit et au matin

Elles s’ouvrent vers un ciel décomposé

 

Jean-Noël Cuénod

Il y a 70 ans, Robert Desnos…

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(Eglise de Saint-Merri, quartier d’enfance de Desnos dans le IVe arrondissement de Paris)

Vendredi 8 juin 1945 à 5h. 30, le poète Robert Desnos quitte sa paillasse de douleurs pour s’endormir dans les bras maternels de la mort. Son âme est libre; son corps gît à la baraque No. 1 du camp de Theresienstadt (Terezin), situé dans l’actuelle République tchèque. Le 3 mai 1945, les SS qui gardaient le camp avaient fuit devant l’avance des troupes soviétiques; depuis un mois l’Allemagne nazie a capitulé. Continuer la lecture

VELASQUEZ ET LES GUEULES AU POUVOIR

Philippe IV Musée du Prado

Portrait de Philippe IV par Velasquez au Musée du Prado

Le Grand Palais est voué à Velasquez (1599-1660) jusqu’au 23 juillet. Si vous séjournez à Paris, ne manquez pas cette exposition. Peintre de la cour du roi d’Espagne Philippe IV, il a immortalisé les puissants dans leur gloire puisque telle était sa fonction. Mais son génie les a aussi saisi dans la vérité de leurs caractères, montrant ainsi cette permanence : le pouvoir a une sale gueule.

Et voici un modeste retour sur l’expo Velasquez en forme de vers.

 

Velasquez noir soleil perce à jour

Reines difformes et rois informes

Fastueux misérables pantins

Revêtus de velours et de merde

Leurs trognes enivrées de pouvoir

Traversent les âges sans ciller

Eternels comme des rages de dent

Intouchables comme des bubons

 

Velasquez, toi le voyant, dis-nous:

Quand aurons-nous fini avec eux?

 

Jean-Noël Cuénod

 

MECANIQUE DE LA GRAND’ PEUR

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Les chants de la forêt s’éteignent peu à peu

Sous les pas du chat les mousses se font complices

Et les chênes laissent tomber toutes leurs rides

Un monde de crimes muets va se lever

Sur la nuque l’haleine fauve de l’humus

Au ventre s’étripent la crainte le désir

Seul compte l’instant l’avenir n’est qu’un piège

Et le passé n’en finit pas de trépasser

Mue de vipère dissoute par les averses

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Lecture publique d’ « ENTRAILLES CELESTES »

Bientôt paraîtra le nouveau bouquin de poésie de Jean-Noël Cuénod, « Entrailles Célestes » chez Edilivre à Paris. Mardi 24 mars, lors des « Mardis de Pierre Alain » au P’tit Music’Hohl de Cointrin (Genève), l’auteur en a lu quelques extraits en public.

Outre Pierre Alain, magnifique poète et auteur-compositeur-interprête, deux excellents écrivains, Jacques Tornay et Sylvestre Clancier ont également lu leurs oeuvres. Et grand merci à Fabio Lo Verso qui a capté cette vidéo.