Mea culpa. Les filloneries se succèdent à un rythme tellement rapide que le pauvre Plouc est parfois dépassé. Il n’est pas le seul, c’est sa piètre consolation. Il écrivait donc dans son papier paru samedi que le parti Les Républicains avait tourné la page François Fillon. Grosse erreur.Il faut dire que la semaine dernière, chaque minute apportait son lot massif de défections dans les rangs du candidat conservateur qui ne conservait plus grand-chose en matière de partisans. Le quotidien Libération avait même publié sur son site le « compteur des lâcheurs de Fillon ». Qu’il tournait vite, ce compteur ! Les rats quittaient le Titanic avec un turbo dans l’arrière-train pour se propulser plus rapidement sur les flots déchaînés. Et les voilà qui prenaient abri dans la grande roue pour la faire tourner de plus en plus vite … 50 défections … 120… 200… 305…
Le Titanic de Fillon est devenu une coquille de noix – même pas un pédalo hollandais – mais enfin, le capitaine reste crispé sur le gouvernail. Impossible de l’en déloger. « Trop tard » a dit Juppé qui pensait aussi « trop cher » en songeant au coût monstrueux d’une campagne électorale, alors que le candidat adoubé par la primaire, tient la cassette aux euros. Et vous voyez Fillon lâcher une cassette, vous ?
Affolement chez les rats. Que faire ? Continuer à faire tourner la roue dans le sens « défection » ? Se retourner pour qu’elle s’agite dans le sens « retour » ?
Certains continuent dans le premier sens, songeant que le rafiot Fillon se fracassera dès le premier tour en les entraînant dans son naufrage. D’autres, se ravisent en tournant dans le second sens, de peur de rater un morceau de fromage au cas où. Comme d’habitude, les rats centristes tentent d’aller dans les deux sens. Ils veulent bien revenir dans l’embarcation, même pourrie, mais à condition que le capitaine leur donne des croûtes de comté supplémentaires et tout en faisant savoir qu’ils pourraient bien changer d’avis. Là, on les croit sur parole. D’autant plus que le destroyer Macron, dont les nickels scintillent sous le soleil des sondages, croise dans leurs eaux.
Quant à savoir, s’il est élu, comment François Fillon pourra bien gouverner le paquebot France dans de telles conditions, cela n’intéresse pas les rats ; une seule passion les aveugle : entasser des circonscriptions gagnables aux élections législatives. Ils refusent de voir cette grosse chatte qui se dandine vers eux pour les croquer.
Jean-Noël Cuénod