Ordre mondialisé, désordre climatique, pandémie, guerre de Poutine en Ukraine… Nous n’arrêtons pas de changer d’ère. Mais l’air reste lourd, épais, étouffant. Monde où la raison déraisonne ou la déraison résonne. Monde qui ne tient plus debout qu’en courant à sa perte comme un canard décapité. Se saisir du moindre éclat d’espérance qui traîne dans les gravats. Poème à lire et à ouïr.
A LIRE
Il fait un temps de meutes et de meurtres
Un temps sans éclaircie ni clairière
Un temps à tuer sans sommation
Il fait un air saturé de fumée
Un air âcre comme une huile bouillante
Un air à perdre toutes ses chansons
Il fait un bruit de drap déchiré
Un bruit à transpercer les oiseaux
Un bruit à faire sortir les serpents
Il fait un soleil aux rayons de cendre
Un soleil de suie et de suint
Un soleil qui gèle à pierre fendre
Il fait une nuit de bivouac
Une nuit blanche comme un missile
Une nuit rouge sur les trottoirs
Il fait un jour à ramasser les morts
Un jour d’os brisés sous les chars d’assaut
Un jour sans hier et sans lendemain
Il fait un pays d’alarme et de larmes
Un pays qui se dresse et se redresse
Un pays qui se lève et se soulève
Dans la fournaise l’odeur du pain monte.
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR A VOIR
Poème mis en images par Christine Z pour la chaîne YouTube Beaurecueil-Forge de la Poésie
Merci à tous les deux pour ce profond partage si douloureux.
La nuit descend
On y pressent
Un long destin du sang…
G.A., 1915