Sécheresse-LES CICATRICES DU SILENCE

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« Eternelle et fugitive / elle digère le temps » ©HermannHoffmann-FORGE DE LA POESIE

La terre a trop soif pour boire, dirait-on. L’eau ravine mais n’étanche pas la soif du sol et se déverse partout sauf là où elle serait vitale. Orage au désespoir! C’est l’été des « prises de conscience » pour reprendre cette expression trop utilisée pour être au net. En revanche, nulle prise de confiance. C’est défiance à tous les étages de nos consciences. 

Cela dit, la nature, elle, se reconstituera. Elle en a vu d’autres, la nature. Des vertes et des pas mûres. Quitte à se débarrasser de ces humains qui la violentent et foncent dans le mur qu’ils ont érigé de leurs propres mains.
Pourtant, elle n’avait pas ménagé ses alarmes. Mais nul n’est plus sourds que de stupides cupides qui agissent en bandes organisées. L’été 2022 nous prépare de sacrés hivers.
Sur ce thème, une volée, non pas de bois vert (quoique…) mais de tankas inédits et fraîchement (cela va de soi) pondus. A lire et à ouïr.

A LIRE

La nuit s’éteint
Sous les ailes du corbeau
Le soleil hésite
          L’épaisse nuée descend
          Pour étouffer la forêt  

Soleil tamisé
Branches lourdes du noyer
A peine un zéphyr
          Ta main fraîche sur ma peau
          Me fait devenir torrent

Ciel de plomb bleu
La brise comme un jupon
Des jours anciens
          Désirs sur la corde à linge
         Frissons couleurs sépia

Ombre frémissante
Où la couleuvre se love
Vivante œuvre d’art
           Eternelle et fugitive
           Elle digère le temps

La terre brûlée
Cache ses plaies sous sa paille
Que broutent les chèvres
          Du ciel aucune larme
          Seul pansement le silence

Quand s’étend la soif
La forêt offre son sein
De mousse et d’humus
          Boire enfin à cette source
          Qui surgit du fond des âges

Bruit de moteur
Inutile comme un homme
Dans l’immensité
          Route de macadam fondu
          Diluée par un mirage

Nuit déchirante
Eclats de rire orageux
Eau et feu liés
          L’averse gifle les herbes
          La terre a trop soif pour boire

Tout acquis se quitte
Toute règle se dérègle
Tout lit se délite
          Tout membre se remembre
          Toute souffrance s’efface
Jean-Noël Cuénod

A OUÏR

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