La terre a trop soif pour boire, dirait-on. L’eau ravine mais n’étanche pas la soif du sol et se déverse partout sauf là où elle serait vitale. Orage au désespoir! C’est l’été des « prises de conscience » pour reprendre cette expression trop utilisée pour être au net. En revanche, nulle prise de confiance. C’est défiance à tous les étages de nos consciences.
Cela dit, la nature, elle, se reconstituera. Elle en a vu d’autres, la nature. Des vertes et des pas mûres. Quitte à se débarrasser de ces humains qui la violentent et foncent dans le mur qu’ils ont érigé de leurs propres mains.
Pourtant, elle n’avait pas ménagé ses alarmes. Mais nul n’est plus sourds que de stupides cupides qui agissent en bandes organisées. L’été 2022 nous prépare de sacrés hivers.
Sur ce thème, une volée, non pas de bois vert (quoique…) mais de tankas inédits et fraîchement (cela va de soi) pondus. A lire et à ouïr.
A LIRE
La nuit s’éteint
Sous les ailes du corbeau
Le soleil hésite
L’épaisse nuée descend
Pour étouffer la forêt
Soleil tamisé
Branches lourdes du noyer
A peine un zéphyr
Ta main fraîche sur ma peau
Me fait devenir torrent
Ciel de plomb bleu
La brise comme un jupon
Des jours anciens
Désirs sur la corde à linge
Frissons couleurs sépia
Ombre frémissante
Où la couleuvre se love
Vivante œuvre d’art
Eternelle et fugitive
Elle digère le temps
La terre brûlée
Cache ses plaies sous sa paille
Que broutent les chèvres
Du ciel aucune larme
Seul pansement le silence
Quand s’étend la soif
La forêt offre son sein
De mousse et d’humus
Boire enfin à cette source
Qui surgit du fond des âges
Bruit de moteur
Inutile comme un homme
Dans l’immensité
Route de macadam fondu
Diluée par un mirage
Nuit déchirante
Eclats de rire orageux
Eau et feu liés
L’averse gifle les herbes
La terre a trop soif pour boire
Tout acquis se quitte
Toute règle se dérègle
Tout lit se délite
Tout membre se remembre
Toute souffrance s’efface
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR