Entre champs et rues, l’humain chemine vers l’horizon qui se perd dans les brumes ; le pigeon a les crocs ; les peaux, toutes les peaux, sont mises à nu ; la nature et la ville tendent leurs pièges. Entre champs et rues, l’humain titube, ivre de sa peur. A lire et à ouïr la 16e série des Tankas Covidiens.
A LIRE
Léger et glacé
Le vent caresse ta peau
L’orage s’avance
Le bourreau suspend sa hache
En un clin d’œil l’éternel
Nuages en scène
La fanfare du ciel
Fourbit ses cymbales
L’éclair lève sa baguette
La pluie bat le tambour
L’huile du soir
Etouffe les chants d’oiseaux
S’étend sur l’étang
Sous les éclats de la lune
Les roseaux courbent la tête
Forêts indociles
Les hommes y cachent leurs rêves
A l’abri des villes
Les mâchoires urbaines
Déchirent la peau des champs
Les vapeurs d’essence
Montent à la tête des rues
La ville titube
Même les immeubles boitent
Et les platanes s’enrhument
L’impasse est un monde
Sur son mur cris colorés
Fourmillement d’interstices
Ses invisibles tribus
Tracent leurs signes secrets
Le pigeon contemple
De la rive du trottoir
L’île du Crouton
Mer agitée de périls
La faim le rendra marin
Nuage anthracite
Le deuil traverse l’azur
En terre l’orage
L’éclair transperce le sol
Ténèbres illuminées
Ne l’oublie jamais
L’arbre choisit ton cercueil
Et le sol ta tombe
Ton corps pourriture noble
Et ta vie va son chemin
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR