L’été 2020 a un goût d’aigre-doux. Entre confinement hésitant et reconfinement redouté. A des années-lumière de celui de 1960, tout entier tourné (et retourné) par la Nouvelle Vague. Nous, quidams du double 20, surfons sur la Seconde Vague de Sa Majesté Covid XIX en tentant d’y prendre notre plaisir, malgré tout, malgré elle. Aigre-doux, c’est donc la tonalité de la 17e série des Tankas Covidiens.
A LIRE
Nous sommes jonglés
Comme balles multicolores
Par le Chat Cosmique
Univers terrain de jeux
Pour y mourir de plaisir
Souffle du pinson
Capté juste avant son chant
Seconde éternelle
Au-dessus du précipice
Le pas reste suspendu
En croquant la vie
Miettes d’inquiétudes
Sur les beaux costumes
Elles s’accrochent et résistent
Qui va les épousseter ?
Dans les ronciers
La vipère se trémousse
Cherche sa couronne
Démon déchu et déçu
Vieux venin vaine gloire
Pigeon fasciné
Dans la flaque de purin
Son portrait craché
Mais sous la roue du tracteur
Flaque de sang désormais
Trottoir en varices
Les platanes jouent du muscle
Laissent voir leurs veines
Sous l’asphalte les racines
Sous les voitures la vie
Le vieux pin vibre
Sous l’archet de la cigale
Danseur immobile
Le soleil joue en majeur
La terre écoute en mineur
Pierre levée
Gardée par les épineux
Les ancêtres veillent
Leur priapique prière
Féconde encor la forêt
Surgie de la mousse
La lumière palpite
Forêt cœur à nu
Danse lente des fougères
Odeur musquée de l’humus
Sauge en buisson
Les plaies du vent cicatrisent
En la caressant
Il a porté tant de cris
Qu’il en est tout écorché
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR
Merci cher Jean-Noël pour ce partage si profond, si beau.