La douleur est un immense drap qui n’en finit pas de se déchirer. Si la séparation a un bruit, c’est bien celui-ci. Lundi à 10h.10, le petit cœur de Phélix a cessé de battre sur la table de la gentille vétérinaire qui l’a entouré de ses soins jusqu’au bout. Emphase ridicule pour un simple animal ? C’est qu’une relation avec un tel compagnon de vie est tout sauf simple.
Gros et grand matou, teigneux, noir et blanc avec un beau masque de théâtre, Phélix s’est tout d’abord appelé Dyonisos, en raison de ses origines dyonisiennes. Nous voyant mal, La Plouquette et moi, en appeler à Dyonisos à tout bout de champ ou plutôt de cour d’immeuble, il s’est rapidement baptisé Phélix, contraction entre le Félix noir et blanc de la pub et le Phénix qui renaît de ses cendres.
Un OVNI qui miaule
Car il a eu chaud, le Phélix ex-Dyonisos. Chaton errant de la Cité des Cosmonautes près de la Courneuve, il avait dû se bagarrer ferme pour assurer sa survie. Tellement ferme, qu’il en a terrorisé les autres chats et même les chiens. Chaque fois que de bonnes âmes apportaient à manger à la cohorte des animaux sans domicile – qui rôdaient, truffe braquée sur le sol, en quête de déchets mangeables – Phélix bouffait tout, avec ordre à ses rivaux de la rue de se tenir à carreaux. Sinon… Et les rivaux se gardaient d’objecter quoique ce soit à cet OVNI de la Cité des Cosmonautes qui semblait mû par une force venant d’un autre monde.
Sauvé de la guillotine !
Les bonnes âmes en ayant eu marre de ce monstre qui empêchait les autres de manger, sa mise à mort fut décrétée. Né tout de même sous une bonne étoile, le Cosmonaute à quatre pattes fut extirpé de son sort funeste par une main salvatrice, celle d’une autre bienfaitrice de la gent féline, Caroline Cuny, pianiste à Saint-Denis.
Seulement voilà, le miraculé a mis un sacré bazar dans l’appartement de Caroline qui avait eu le toupet d’accueillir d’autres chats et même un chien, horresco referens ( les chats dyonisiens ne parlent pas que le grec).
Le Plouc et La Plouquette, fraîchement débarqués dans l’oasis parisien de la Butte-aux-Cailles, s’étaient inscrits pour devenir famille d’accueil temporaire de chats en attente d’adoption définitive.
Pour Phélix, le temporaire a duré deux minutes. Le temps nécessaire à la Terreur pour déployer toutes les ressources de son charme. Regard d’intense reconnaissance affective, ronrons sur les genoux, frottis frottas dans tous les sens, grattage illiuco dans la caisse pour bien montrer combien l’on est propre. Et que l’on se sent chez soi.
strong>« Monsieur, retenez votre chat ! »
Tellement chez lui, le Phélix, qu’il s’était montré fort menaçant envers une employée chargée de relever les compteurs d’électricité. Le Plouc entend encore la voix apeurée de la préposée : « Monsieur, retenez votre chat ! » C’est vrai qu’il était plutôt possessif, le Phélix. Pas question que quiconque cherche à le récupérer. Et puis, rassuré, le sauvageon s’est embourgeoisé.
C’était il y a douze ans. Hier. Un siècle.
Depuis, Phélix fut de tous nos voyages, partageant tous nos instants. Heureux quand nous l’étions. Câlins quand nous pleurions. On dit que les chats ne sont attachés à leur maison mais pas aux humains. Quelle connerie ! Phélix était partout chez lui, là où nous séjournions. A l’hôtel, au fin fond d’une vallée valaisanne, à Genève, à Paris, en Dordogne. Ville, montagne, plaine, campagne. Peu lui importait. Pourvu que nous soyons là, à portée de patte.
« Comment va Phélix ? »
Vous l’avez compris, le Phélix n’était pas du genre discret et timide. Il s’imposait, le gaillard. Avec moins d’agressivité que vis-à-vis des préposées de l’EDF. Mais avec la calme assurance d’une forte personnalité. Du genre à vous regarder dans les yeux pour bien vous jauger. Car il avait ses têtes. Ou plutôt ses genoux sur lesquels il installait ses neuf kilos de muscle et de croquettes, si d’aventure l’invitée ou l’invité lui plaisait. Et là, pas question de bouger. C’est Phélix qui faisait savoir que la ration de câlins était atteinte. « Et comment va Phélix ?» était l’une des premières questions que nos amis posaient en nous revoyant.
Treize ans de bonheur partagé… Mais tout est impermanence, disent les bouddhistes. Cruelle impermanence. Au début de cet été, une tumeur cancéreuse s’est déclarée, déformant sa belle tête.
Mais il tenait à vivre, l’ancien Cosmonaute. Alors pendant des mois, La Plouquette et ma pomme l’avons accompagné avec une affection décuplée. Et puis, l’OVNI nous a fait savoir qu’il voulait désormais rejoindre sa bonne étoile.
Et nous voilà pleurant toutes les larmes de notre corps et de notre âme. Pour un chat ? Oui pour un chat. Et pour ce lien d’amour qui, lorsque le cœur y est, relie des êtres vivants à un autre être vivant.
Jean-Noël Cuénod
Nos chers amis, la vie est si belle et si cruelle !
Nous n’avons jamais vu Phélix mais nous le connaissions à travers vous. Année après année, il a pris une place incroyable dans nos cœurs. C’était aussi notre ami, notre Phélix le terrible. A chacun de vos déplacements nous voulions nous assurer que Phélix était bien avec vous !
De l’au-delà, sa présence sera omniprésente. Il a sa place est dans vos cœurs, dans nos cœurs. Ceux qui s’aiment sont reliés à jamais.
Adieu Phélix, tu as rejoint le Clan des Catz, tes cousins de cœur. Ils sont tous là pour t’accueillir dans un monde félin de bienveillance. Longtemps ton nom résonnera dans nos âmes comme celui d’un ami très cher.
Chère Christine, cher Jean-Noël, avec Marco, nous pleurons avec vous le départ de Phélix. L’amour ne connaît pas de frontière, l’amour rayonne entre les règnes, l’amour s’exprime dans tout ce qui vit sur Terre.
Nous vous embrassons bien fort.
Gita, Marco et Gaïa la féline.
Comme je comprends votre tristesse j’ai perdu personnellement mon chat Panthéon en 2016 d’un cancer au petit colon…je ne m’en suis toujours pas remise mm si je l’ai accompagné jusqu’à son départ jusqu’à son dernier souffle…pour aller retrouver son Paradis des Chats…il m’a tant apporté joie, bonheur et partagé mes peines…Phelix retrouvera mon Panthéon…ils sauront et feront tout pour qu’on ne les oublie pas…jamais je ne t’oublierai mon BB chat de 11 ans…tu m’as tt donné ..Phelix je ne t’ai pas connu mais t’es maîtres ne toublieront pas loin de là…au contraire ils seront comme moi..tu feras de leur vie à l’infini…c’est ça les chats ils nous possèdent…je les aime tant…TOUS❤
Une pensée féline pour Phélix que j’ai eu le plaisir (?) de croiser chez vous !
Un seul être vous manque etc…
Bises .
PS: J’ ai aussi eu la surprise, lors d’une expédition africaine, de croiser la belle mâchoire d’un autre fauve , celui de la photo au sommaire de cette lettre: l’hippopotame , redoutable !
A nouveau, mes amitiés . Michel Rothlaender
Oui c est très triste vous racontez si bien sa petite vie emplie d amour toutes mes pensées et c est normal de pleurer un animal car nous sommes tous des êtres vivants animaux,Humains, et nous les aimons
Chat-leureusement Nelly
Revenus du Sud-Est de l’Hexagone, découvrons, sous le Tapie, la terrible annonce de la disparition de votre cher Phélix, bien connu de nous, fidèle Méphistophélès à 4 pattes. Nos condoléances les plus fortes vous accompagnent dans cette terrible épreuve. Très très affectueusement.. Isabelle et Raymond
ayant abandonné les mails depuis pas mal de temps, nous avons appris en ce moment devant notre écran la disparition de Phélix. Seuls les êtres vivants qui font partie de nos vies et de nos meutes peuvent comprendre ce que nous autres pouvons éprouver lorsque un vide s’installe et ce que chaque être qui a partagé nos vies nous manque…Un seul être nous manque et tout est dépeuplé…disait un penseur…et je m’arrête, les larmes nous remettent face à l’importance de nos compagnons à 4 pattes disparus mais qui nous sont présents dans nos souvenirs des merveilleux moments partagés, eux qui sont arrivés un jour timidement et depuis lors, nous habitions humblement chez eux…Bisous Agnès et Wilfred