Les retraites laissent la gauche française sans voix

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Pour Yannick Jadot, la réforme des retraites, ce ne devrait pourtant pas être de la petite bière!

Il faut bien tendre l’oreille pour percevoir ce que la gauche française propose en matière de réforme des retraites. Elle a participé au cortège du 5 décembre, certes. Mais elle ne brille pas par ses propositions. La timidité des Verts est à cet égard, disons, éloquente.Pourquoi le Parti Socialiste et Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) se montrent-ils en dessous de la main dans l’actuel combat pour ou contre la réforme des retraites ? On comprend que le PS se montre discret à cet égard, compte tenu du fait qu’il était encore aux affaires gouvernementales il y a peu. Il risque fort de se faire reprocher son inactivité en la matière par Macron et ses marcheurs LREM[1]. La parole socialiste qui s’est fait le plus entendre est celle scandée par Martine Aubry ; elle a dénoncé la politique du président devant les caméras et micros de France 3-Nord-Pas-de-Calais et France Bleu Nord :

« Il y a une brutalité dans cette idée « Je réforme, je réforme, je réforme » ; on touche actuellement à tout ce qui est le pacte social qui lie les Français, dans cette période où tout angoisse ».

La Mèremptoire reprend du service. Il faut dire qu’elle vient d’annoncer sa candidature pour un quatrième mandat à la Mairie de Lille. Il s’agit donc pour elle de jouer son petit air de trompette afin de se rappeler au bon souvenir des électeurs.

La discrétion des Verts est plus étonnante. Ils ne portent pas le lourd héritage de la présidence Hollande. On aurait donc pu attendre d’eux qu’ils se montrent plus entreprenants dans ce combat qui va engager leur pays pour plusieurs générations. Après tout, l’écologie progresse fortement dans la plupart des pays d’Europe et les Verts français ont réalisé un beau score aux Européennes, élections, il est vrai, qui leur sont traditionnellement plus favorables que d’autres.

Manque de réactivité de la gauche

Leur tête de file Yannick Jadot a bien glissé quelques propos dans Les Echos du 28 novembre dernier : « Il n’est pas nécessaire de toucher à l’âge de départ à la retraite. La réforme Touraine de 2014 [qui prévoit le passage de 41,5 à 43 années de cotisation d’ici à 2035, NDLR] permet l’équilibre du système. » (lire l’article complet en cliquant ici : https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/retraites-les-verts-participeront-a-la-mobilisation-du-5-decembre-1152223 )

De même, le secrétaire national des Verts, Julien Bayou réclame « l’ouverture d’un débat » sur le financement des retraites. Voilà qui ne casse pas trois pattes à un canard, même enchaîné.

Le conflit sur les retraites n’oppose donc que le gouvernement et les syndicats. Face à face normal sur ce terrain social. Mais il est impossible d’en occulter la dimension politique.

Que la droite LR ne sache pas trop où elle se situe dans ce contexte, c’est inévitable puisqu’au fond Macron réalise la réforme qu’elle avait toujours voulu mener sans réussir à l’engager. Alors, elle se contente de gourmander la forme – parfois de virulente façon comme Xavier Bertrand – sans touiller le fond.

Que l’extrême-droite RN tente de déborder l’extrême-gauche en fustigeant la réforme gouvernementale et en réclamant la tenue d’un référendum, rien de plus habituel puisque c’est son jeu depuis que Marine Le Pen dirige ce parti.

Cela dit, on se demande bien pourquoi la gauche ou l’extrême-gauche n’ont pas lancé avant le clan Le Pen cette idée d’un référendum. Elle a au moins l’avantage de proposer une sortie démocratique à ce qui ressemble de plus en plus à une impasse. Là aussi, la gauche dans son ensemble a terriblement manqué de réactivité.

On aimerait bien connaître les solutions de la gauche, notamment celles des Verts, pour concilier transition énergétique, lutte contre le dérèglement climatique et financement des retraites au moment où la pyramide des âges change de forme.

Il y aurait de quoi débattre, de quoi échanger, de quoi se refaire une santé intellectuelle pour une gauche dont l’électroencéphalogramme présente l’angoissante platitude des paysages de la Beauce.

Jean-Noël Cuénod

[1] Ce sont plutôt les autres Français qui doivent compenser par la marche les grèves des transports publics !

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