Covid–19 ne laisse de répit à personne. Comme bien des milliers de familles, la mienne est touchée. Ella, la mère de ma femme Christine est décédée à l’âge de 90 ans des suites de son infection au coronavirus. Ceci n’est pas un faire-part de décès mais un hommage de vie à un être qui faisait briller sa lumière sans la brandir comme une torche.Ella faisait partie de ceux que les gros médias recouvrent d’un manteau de mépris : les anonymes. Une vie entière vouée aux autres, sans jamais leur faire ressentir le poids du dévouement. S’appliquant à accomplir toutes les tâches les plus quotidiennes, les plus domestiques, les plus banales comme s’il s’agissait d’apporter son concours à une œuvre divine, non pas dans la trompeuse lumière de la reconnaissance publique, mais dans l’ombre du foyer familial.
Ella avait la bonté légère et prenait bien garde à ce qu’elle ne lèse en rien la dignité de celui qui en reçoit les effets. Une bonté qui se tait, qui s’exerce de façon naturelle comme si elle allait de soi. Une bonté évidente alors qu’elle est devenue si rare. « Le bien ne fait pas de bruit ; le bruit ne fait pas de bien »…Ella vivait chaque jour cette maxime du théosophe Louis-Claude de Saint-Martin ; elle faisait le bien, comme l’on boit un verre d’eau, sans y penser.
Ella avait la foi en Christ sans la pratiquer dans des églises mais en l’observant chaque jour sans chercher à faire œuvre de prosélytisme. Elle n’imposait rien. Elle aimait. C’est tout. C’est tellement tout.
La bonté simple illustrée par Vassili Grossman
Pour elle, cet extrait des «Feuillets d’Ikonnikov », tirés de Vie et Destin le chef d’œuvre de Vassili Grossman, l’un des romans majeurs du XXe siècle… et au-delà. Au plus fort de la bataille de Stalingrad, dans une guerre qui a fait reculer les bornes de l’horreur au-delà de tout ce qu’humain pouvait, jusqu’alors, imaginer, Grossman a découvert un grain de poussière nommé la bonté. Un grain de poussière devenu la plus précieuse pépite de l’humanité :
(…)Cette bonté privée d’un individu à l’égard d’un autre individu est une bonté sans témoins, une petite bonté sans idéologie. On pourrait la qualifier de bonté sans pensée. La bonté des hommes hors du bien religieux ou social.
Mais, si nous y réfléchissons, nous voyons que cette bonté privée, occasionnelle, sans idéologie, est éternelle. Elle s’étend sur tout ce qui vit, même sur la souris, même sur la branche cassée que le passant, s’arrêtant un instant, remet dans une bonne position pour qu’elle puisse cicatriser et revivre.
En ces temps terribles où la démence règne au nom de la gloire des États, des nations et du bien universel, en ce temps où les hommes ne ressemblent plus à des hommes, où ils ne font que s’agiter comme des branches d’arbre, rouler comme des pierres, qui, s’entraînant les unes les autres, comblent les ravins et les fossés, en ce temps de terreur et de démence, la pauvre bonté sans idée n’a pas disparu.
(…)Elle est, cette bonté folle, ce qu’il y a d’humain en l’homme, elle est ce qui définit l’homme, elle est le point le plus haut qu’ait atteint l’esprit humain. La vie n’est pas le mal, nous dit-elle.
Ella ne nous a pas quitté puisque la bonté, toujours, reste présente. Il suffit d’ouvrir le cœur.
Jean-Noël Cuénod
Merci pour ce magnifique hommage. Nous pensons très fort à Christine et à ce départ qui fait que plus jamais nous ne serons éloignés, puisque les voies du coeur sont toujours en fonction, corona ou pas, toujours là bien au fonds avec tous les souvenirs emmagasinés et prêts à ressurgir au gré de la vie qui va nous les rappeler
Merci pour ce bel hommage à la maman de Christine…c’est très émouvant…les larmes coulent…je garderai le sourire d’Ella ….courage à vous deux…la vie est là qui brille comme une étoile ; recevons et gardons la comme un bien précieux …
Elle laisse derrière elle une magnifique étoile qui brille de grâce et de générosité. Merci Christine pour le bonheur que vous apportez à ma Jasmine et merci Ella pour votre œuvre. Paix et miséricorde. Najla (maman de Jasmine)
Cher Jean-Noël, chère Christine, quelle tristesse m’envahit en apprenant que vous êtes dans la peine. Je me souviens avoir rencontré ta maman dans sa maison, je me souviens de ce goûter partagé dans la véranda. Merci pour ce bel hommage Jean-Noël, la maman de Christine fait partie d’une génération de femmes qui étaient discrètement dans le dévouement et le partage, dans cette bonté qui était leur ombre, cette bonté qui les faisait s’oublier, oublier leurs propres désirs, car elle était devenue leur vie.
Vivre cette séparation dans les conditions d’aujourd’hui est injuste et difficile. Nous vous embrassons et sommes de tout cœur avec vous. ❤️
Trés chers Christine et Jean-Noël ,
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé , mais tout bien et toute perfection venant de l’esprit et du coeur , il reste dans notre esprit et dans notre coeur .
Je vous embrasse tous les deux.
Michel et Brigitte
Cher Jean Noel
Veuillez recevoir et transmettre mes plus sincères condoléances. La perte de sa « maman » doit etre plus que tout la rupture du dernier cordon ombilical qui relie l’enfant à la solitude du monde des adultes.
Bonjour à vous Deux, et tout mon respect pour cet éloge. Que la Paix soit en toi chère Christine, de l’Autre côté du miroir ta maman continue son oeuvre et elle reviendra encore plus enrichie. Cicatrise ta peine et offre toi à ton Être Divin. Très très amicalement. Odile