Et voilà, l’islam textile reprend sa course sans fin vers les polémiques stériles… Vous avez aimé le voile islamique à l’école, la burqa dans les rues, le burkini sur les plages? Vous allez a-do-rer l’abaya, derechef à l’école! Signe religieux? Signe de séparation d’une communauté par rapport à d’autres en tout cas. Mais l’interdire risque de générer plus de problèmes que de solutions.
Avec un joli coup de menton qui ne fait pas même frémir son brushing de premier de classe, le nouveau ministre de français de l’Education international Gabriel Attal lance cette annonce au journal de TF1 dimanche dernier: « J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l’abaya à l’école. Lorsque vous entrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant ».
L’abaya est cette toge ample et légère qui se porte des épaules jusqu’aux pieds. Le visage reste découvert (voir aussi la photo ci-dessous).
Forte augmentation des atteintes à la laïcité
Cette décision aurait pour origine une recrudescence des atteintes à la laïcité en milieu scolaire signalée par une note de service que Le Monde a révélée.
Cette note signale 4710 atteintes antilaïcité à l’école en 2022-2023 contre 2167 l’année précédente; 40% de ces remontées d’information mensuelles venant des établissements scolaires concernent le port de tenues pouvant relever du cultuel comme du culturel, dont l’abaya.
Que l’école soit un lieu partagé entre toutes les communautés formant la nation française, sans distinction entre elles et ce, afin de former des citoyens libres, voilà l’objectif de la laïcité.
Que l’abaya soit un signe de séparation qui va à fin contraire de cet objectif, cela semble incontestable: « Je ne fais pas partie du groupe. Le mien, de groupe, ce sont les miens. Les autres sont impurs ».
S’interroger sur les causes profondes
Cela dit, avant d’interdire l’abaya sur ce ton arrogant qui hérisse plus qu’il ne convainc, il faudrait se poser cette question de base: quelles sont les causes profondes – et non simplement apparentes – de cette augmentation des atteintes à la laïcité au sein des établissements scolaires?
Mais cette réflexion, le ministre Attal ne semble pas empressé de l’engager. Une interdiction, ça claque bien dans une intervention télévisée. Assurance d’être repris aussitôt par tous les médias. Et réfléchir, on n’a pas le temps quand on s’active dans un gouvernement qui fait plutôt office de caserne de pompiers agitant leur lance à eau un peu partout.
Les partisans de l’interdiction de l’abaya à l’école font valoir, à bon droit, le bilan positif de l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école.
Tous les enseignants de mon entourage soulignent la pacification que cette mesure a entraînée. Pacification toute relative certes mais sans l’interdiction, la situation n’aurait fait qu’empirer.
L’ambiguïté foncière de l’abaya
Alors pourquoi n’en irait-il pas de même avec l’abaya? Parce que ce vêtement est, vis-à-vis du religieux, plus ambigu qu’un voile, une kippa ou une grande croix.
« L’abaya n’est pas une tenue religieuse, c’est une forme de mode », explique Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman. 2
A cela, l’anthropologue française Florence Bergeaud- Blackler – cité par mon excellent confrère Antoine Menusier dans Watson – rétorque que l’abaya « a pour fonction de répondre à une norme religieuse ».
Voilà qui donne une idée des discussions futures pour savoir si l’abaya est ou non laïquement casher!
On peut aussi compter sur l’imagination perverse des islamistes politiques pour encourager le port d’abayas qui ne seront pas tout à fait des abayas mais des abayas quand même… A combien de centimètres du sol, le bas de la toge doit-il se situer? A 5,10, 20, 30? Cette tenue est-elle assez ample pour être qualifiée d’abaya? Est-elle suffisamment étroite pour qu’elle soit autorisée?
Et les maillots publicitaires?
Le gouvernement français se soucie de préserver les élèves des influences religieuses, ce qui est bien; on l’applaudit. Mais montre-t-il une même inquiétude à propos des influences politiques et surtout commerciales? On pourrait donc porter un maillot floqué de Che Guevara mais pas d’une croix ou d’une étoile de David? Et que dire des pubs Nike, Coca-cola ou autres qui ornent les tenues des élèves… Seraient-elles moins moralement nuisibles que des signes religieux tout aussi ostensibles?
Apparemment, les polémiques liées à l’islam textile vont perdurer, voire prospérer par l’alimentation constante des réseaux sociaux et des médias en mal de beuze. Ainsi resteront occultés, les véritables problèmes que l’islam pose à un Etat de droit fondé sur la démocratie, à savoir, en premier lieu, ceux relatifs à l’apostasie. Un musulman n’est pas libre de quitter l’islam sans encourir des menaces sérieuses, voire mortelles. A méditer, cette analyse de l’European Centre for Law and Justice.
Cet état de fait est inacceptable sur le plan des droits humains. L’islam textile ne devrait donc pas… voiler les aspects les plus périlleux de l’islam politique.
L’uniforme, une solution?
Afin d’éviter de sempiternelles et épuisantes questions vestimentaires en milieu scolaire, tout en traitant sur un pied d’égalité tous les élèves quelles que soient leurs origines confessionnelles, sociales ou autres et en évitant aussi les signes politiques et commerciaux ostensibles, le port de l’uniforme dans les établissements scolaires ne serait-il pas un moindre mal? Avant de hurler, réfléchissez-y.
Jean-Noël Cuénod
c’est ce que je pense aussi, l’uniforme remettrait les compteurs à zéro et peut-être pourra t-on s’occuper de l’essentiel. Les élèves aussi moins occupés à « mater » les tenus de certains(e)!.