Laïcité, voilà mon beau souci!

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Voilà qu’aujourd’hui la laïcité est en fête. La France lui consacre en effet une Journée chaque 9 décembre, date de l’adoption en 1905 de la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Discrète, la fête. C’est que la laïcité n’a pas à être célébrée lors d’une journée en particulier mais appliquée chaque jour… que Dieu fait! Nulle Sainte Laïcité au calendrier.

Au fond, bien au fond, tout au fond, la laïcité, qu’est-ce ? La meilleure définition est souvent formulée ainsi «La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une».

Pour développer, Le Plouc fait carrément de l’autocitation. La laïcité est :

– un principe séparant l’Etat des communautés religieuses; celles-ci n’interviennent pas en tant que telles dans les affaires de l’Etat ; celui-là n’intervient pas dans les affaires des institutions religieuses, sauf à faire respecter la loi, comme pour n’importe quelle autre personne morale

– un espace où les fidèles des différentes communautés religieuses, les personnes professant l’athéisme, celles choisissant l’agnosticisme ainsi que les tenants de systèmes de pensée ou philosophiques de toute nature peuvent échanger, débattre, évoluer en tant que citoyens, sans chercher à imposer leurs convictions par la contrainte, la menace ou le harcèlement ;

– une garantie de l’équité et de la neutralité de l’Etat vis-à-vis des communautés religieuses ;

– un état d’esprit développant de façon active la tolérance et le respect de l’autre au sein de la société[1].

La laïcité n’est pas une «religion-bis» 

Compte tenu de l’actuelle confusion des esprits, il convient aussi de déterminer ce que la laïcité n’est pas. Certains de ceux qui s’en déclarent, à tort ou à raison, les partisans, ont le dessein plus ou moins avoué d’en faire une sorte de «religion athée», un substitut au sacré, une arme contre les églises, les mosquées, les synagogues, les pagodes et autres temples. La laïcité serait, dans cette optique, une alternative au phénomène religieux, une option parmi d’autres.

Rien n’est plus faux. La laïcité n’est pas une option, c’est une règle de vie sociale qui protège la liberté de conscience et d’expression et, de ce fait, doit s’imposer à tous, croyants, athées ou agnostiques.

Non seulement, la laïcité ne combat pas les religions, mais au contraire elle garantit leur liberté de culte. En ne reconnaissant aucune confession, l’Etat laïc les respecte toutes. Comme il défend toutes les formes de convictions, athéisme ou libre-pensée, des atteintes illégales dont elles pourraient être la cible.

Dieu au-dessus de la loi ?

Actuellement, au sein de l’islam mais aussi de certaines Eglises dites «évangélistes», l’idée que la loi de Dieu doit primer sur celle des humains est souvent avancée. Preuve parmi d’autres, du confusionnisme ambiant.

Pour les croyants des principales religions, Dieu (ou quel que soit le nom qu’on lui donne) a créé l’humain libre. C’est donc à lui, et non à Dieu, de régler les détails de la vie en commun sur cette terre. Et en déterminant ces règles en son nom à lui, humain, et non en celui d’une entité supérieure, ce qui serait une imposture, voire un blasphème.

Affirmer que Dieu va s’occuper du port ou non d’un voile ou de la longueur d’une jupe, c’est prendre le Grand Architecte de l’Univers pour le petit tailleur du quartier !

Certain Rabbin n’a-t-il pas dit qu’il fallait rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui lui appartient ?

La laïcité, c’est la liberté d’exprimer son opposition à la transcendance et celle de la vivre de façon pleine et entière. Tout le reste n’est que très mauvaise littérature.

Jean-Noël Cuénod

[1] Jean-Noël Cuénod – Ne retouche pas à mon dieu ! –Un bilan de la laïcité. D’où vient-elle? Où va-t-elle? Editions Slatkine Genève

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