Une tribu informe mais menaçante et dominatrice, appelée «Elites», a ourdi la mondialisation pour procéder au Grand Remplacement des populations «de souche» européenne par des Arabes et des Africains. Il faut donc initier un mouvement inverse, la «remigration», pour bouter hors d’Europe ces «envahisseurs». Délire raciste? Bien sûr. Mais il se répand. Jadis, il a généré les pires catastrophes.
Le Grand Remplacement et la remigration, théorisés par Renaud Camus et popularisés par Eric Zemmour, ne restent pas coincés dans le folklore des groupes identitaires. Ils se répandent largement comme le prouve les succès de librairie des ouvrages de Zemmour. Une visite dans les coulisses des congrès du Rassemblement National, premier parti politique français, suffirait à vous convaincre de l’ampleur de cette infiltration en captant les propos de nombreux militants de base. Même si, devant les caméras, les dirigeants RN prennent de prudentes distances avec ces idées, tout en multipliant les sous-entendus ambigus afin de ne pas désespérer les plus fidèles de leurs partisans et en usant de ce registre : «Devant ces dégénérés de journalistes, je suis obligée de vous jouer du pipeau mais au fond, je pense comme vous, ne vous inquiétez pas ; la grosse caisse n’est jamais loin du pipeau!». Le clan Le Pen est expert en litotes «fascistoïdes mais pas trop»!
Nos ancêtres les migrants
Le Grand Remplacement ? La belle affaire! Les migrations humaines ont commencé dès la préhistoire en créant de multiples brassages génétiques et culturels. Nous sommes tous des «grands remplaçants». Le démographe français Hervé Le Bras nous l’explique dans son ouvrageAnatomie sociale de la France (Editions Laffont) : «Le grand remplacement a déjà eu lieu, au moins depuis le néolithique».
De plus, comment, concrètement, opérer la «remigration»? La plupart de ceux qu’elle vise sont ressortissants des pays européens depuis une, voire plusieurs générations. Sur quels critères va-t-on considérer que tel Européen d’origine étrangère peut rester dans son pays ou que tel autre doit en être jeté? Mais en ce cas, pour atterrir dans quel Etat ? Dressera-t-on, comme en Allemagne nazie, des listes de filiation ? Mais comment ? Par des tests génétiques pratiqués sur les 738 millions d’Européens ? Bien du courage ! Ces tests prouveront d’ailleurs que nous sommes tous des métis, comme l’a démontré Hervé Le Bras dans son livre.
Toutefois, ni le bon sens, ni le caractère fondamentalement raciste de ces éléments de propagande, ni les démonstrations scientifiques suffiront à contrecarrer ces idées, semblables à celles qui nous ont précipités dans les cauchemars totalitaires. Il faut les prendre au sérieux et non les balayer avec suffisance.
La géographie est têtue
Si elles agissent sur un grand nombre de conscience, c’est qu’elles font appel à une grande peur et à une profonde nostalgie. Passions tristes, dirait Spinoza, mais passions fortes.
La grande peur, c’est celle de mourir dans une société sécularisée qui n’est plus capable d’articuler un discours sur l’après-mort. Une société qui nous dit : «La vie est absurde et n’aboutit qu’au néant. Alors amusons-nous et consommons!» Sauf qu’après divertissements et consommations, la mort remonte à la surface avec ses bulles d’angoisses. Nous serons tous remplacés. Nous le savons, même si nous en refusons l’échéance. Et c’est insupportable. Plus la société cache la mort sous ses gadgets, moins elle nous prépare à l’affronter.
La profonde nostalgie, c’est celle du monde tel qu’il était à l’époque de nos 20 ans. Un monde sans rhumatisme, sans arthrose, sans rides. Comment ne pas idéaliser ce monde en pleine forme? Il faut qu’il reste en l’état, là, comme ça ! Ne bougeons plus ! Le petit oiseau du passé va sortir ! Hélas, le monde n’est pas un cliché, c’est un grand film où tout change. Nous aimerions tant nous prolonger pour tenter de conjurer la mort. Et nous prolonger par des « comme nous », bien sûr. Seulement voilà, l’humanité a toujours eu la bougeotte, même quand elle n’avait que ses pieds pour se déplacer. Alors, avec les moyens de transport actuels, vous pensez !
La géographie est encore plus têtue que les faits : l’Afrique est jeune et pauvre, l’Europe est riche et vieillissante. Entre les deux, les échanges ne feront que croître. Tous les murs, tous les Salvini n’y pourront rien. Il y aura donc moins un Grand Remplacement qu’un vaste métissage. Nous étions différents de nos arrière-grands-parents. Nos arrière-petits-enfants le seront tout autant de nous. Ce truc bizarre s’appelle la vie.
Transmission de la laïcité et Grand Remplacement
Mais si la pureté génétique relève de la sinistre farce, il n’en va pas de même de la transmission culturelle. Nous serons remplacés, c’est inéluctable, mais cela ne signifie pas que les valeurs que nous, Européens, avons acquises au fil des siècles et de l’épée doivent l’être aussi. La perte de cet acquit – qui a fait de l’Europe un îlot de liberté et d’intelligente cohabitation après tant de guerres – n’est pas pour rien dans la crainte qui est instrumentalisée par l’idéologie du Grand Remplacement. Et cette crainte-là est légitime.
Certes, ces valeurs évolueront forcément dans leurs formes de représentation mais sans pour autant altérer ce qui fait leur substantifique moelle, à savoir le primat de la liberté individuelle sur la tyrannie du groupe, de la liberté de conscience sur les dogmatismes religieux ou athées, de l’Etat de droit sur la loi de la jungle, de l’égalité entre les êtres humains sur les toutes injustices.
Ces valeurs ont pour véhicule la laïcité. C’est elle que nous devons transmettre, si nous voulons, un tant soit peu, laisser trace utile. Pour ce faire, il faut l’illustrer en faisant montre de pédagogie mais aussi la défendre contre tous ceux qui veulent la remplacer par l’obscurantisme de la pensée et le despotisme des communautés. Et ce Grand Remplacement-là n’a rien d’un fantasme.
Jean-Noël Cuénod
Cher Jean Noël
Oui, soumission de Michel Houellebecq, bien que édulcoré, rôde autour du problème. Ne nous voilons pas la face , ni ne la grillageons, ne remplaçons pas nos jolies sirènes chevelues par de gigantesques raies manta ondulant de noir jusque dans les eaux des piscines…
2 raies manta nous ont fait sortir de l’eau..question de place…
C’était à Djerba ..pas encore aux vernets..
Ça ne fait pas rêver…..