Si le mot « Dieu » (1) vous faisait peur, vous auriez diablement raison. Ou déraison. Car, il y a de quoi en être effrayé par l’usage qu’en font ses sectateurs intégristes, toutes pilosités confondues. Et les haines qui éclatent – là, maintenant, dans des lieux qui devraient être saints à Jérusalem – confirment cet effroi consterné.
Mais « Dieu » n’est qu’un mot qui désigne une réalité supérieure qui dépasse, par des coudées sans nombre, la balbutiante parole humaine. Cette présence qui nous dépasse, cette puissance qui a donné l’être à tout ce qui existe, relève de l’indicible.
On peut l’éprouver, l’approuver mais non la prouver. C’est la foi qui la rend vivante, la foi seule, sans discours théologique mais avec, parfois, le souffle de la poésie.
Servir et l’asservir
Tout ce qu’on peut dire de Dieu est aussi faible qu’un chuchotement de souris dans un opéra de Wagner.
C’est pourquoi ses prétendus dévots qui disent le servir ne font que l’asservir et l’avilir.
Puissent-ils un jour, une nuit être touchés par la grâce et se rappeler l’un des messages les plus sublimes qui soient tombés en oreille humaine, à savoir le récit de Pâques où Dieu s’est fait humain pour que les humains deviennent Dieu.
L’Eternel a pris peau humaine pour endurer tout ce que la haine au pouvoir réserve à ses victimes: la trahison, le châtiment injuste, la torture, l’insulte jetée au visage, le crachat sur les plaies, l’angoisse de la mort, le sentiment d’abandon.
En guise de pause dans la tourmente, à chacune et à chacun, cette petite suite inspirée par la forme poétique japonaise du « tanka »
La Passion des passions
Plongé dans ma mort
tout imprégné de nuit
j’affronte mes monstres
Le cœur lourd et l’âme nue
mais dans la boue l’étincelle
Je ne la vois pas
et je ne l’espère plus
mes monstres m’aveuglent
Je coule comme un rocher
arraché de la falaise
Pourtant l’étincelle
jaillit de mes propres mains
ma mort est ma mère
Vers la vie elle me guide
son sang lave mes yeux
Jean-Noël Cuénod
1 Selon. Wikipedia, le mot « dieu » vient du latin deus, lui-même issu de la racine indo-européenne dei- « briller » qui, élargie en deiwo- et en dyew-, sert à désigner le ciel lumineux en tant que divinité ainsi que les êtres célestes par opposition aux êtres terrestres, les hommes. Étroitement liée à cette notion de lumière, c’est la plus ancienne dénomination indo-européenne de la divinité qui se retrouve dans le nom du dieu grec Zeus dont le génitif est Dios. De la même racine est issue la désignation de la lumière du jour (diurne) et du jour, lui-même (dies en latin).