« En même temps »…Le disque est rayé ©Santeri Viinamäki via Wikimédias Commons.

Pendant près de deux heures, mercredi, le président Macron a tenu conférence de presse. Motif: tenter d’expliquer sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale après la déroute historique aux Européennes de son parti Renaissance. Qui n’a jamais aussi mal porté son nom. A cette occasion, il nous a repassé son succès d’hier « En même temps ». Mais le disque est rayé.

Le président français a un côté imperméable qui fascine. Les grandes eaux des défaites glissent sur son costume bleu pétrole comme sur les plumes d’un palmipède. Une vraie gravure de mode pour un défilé de mannequins waterproof (il aime tant le franglais qu’on ne saurait l’en priver).

Durant la campagne précédent les élections européennes, Emmanuel Macron est sorti de son rôle présidentiel pour battre les estrades, jugeant sa tête de liste, la malheureuse Valérie Hayer, et même son premier ministre Gabriel Attal insuffisamment performants.

La déraison de la raison

Le fait qu’une grande partie des électeurs ne peut plus le voir en peinture – et surtout sur les écrans – ne lui pas traversé l’esprit, selon toute vraisemblance. Que ce rejet contienne une grande part d’irrationnel, c’est plus que vraisemblable. Seulement voilà, en politique – comme dans toutes les autres composantes de la vie – ne pas prendre en compte l’irrationnel est…déraisonnable!

Résultat: chaque fois que sa bobine surgissait dans les médias, Jordan Bardella engrangeait des suffrages supplémentaires.

Que ledit Bardella ait démontré l’étendue abyssale de son incompétence, notamment économique, n’a eu aucune conséquence négative pour le gendre idéal du Rassemblement National. Un âne portant une pancarte « RN » aurait obtenu autant de succès.

Battre une faible coulpe

Et maintenant que fait Emmanuel Macron?  Il convoque une conférence de presse où le président se met une fois de plus en scène dans le rôle du grand directeur de la nouvelle campagne, celle des législatives!

Il ne faut pas attendre de sa part une autocritique fouillée. A peine a-t-il battu faiblement une coulpe distraite. En nous ressortant les mêmes excuses que lors de ces échecs précédents: « On m’a mal compris, je n’ai pas assez expliqué ».

Alors, le président Macron a ressorti de sa discothèque sa traditionnelle ritournelle du « En même Temps »: la vie politique française est divisée en trois blocs. Le bloc de droite avec le RN et les ciottistes; le bloc de gauche dominé par le turlupin Mélanchon. Tous deux infréquentables. Dès lors, amis de la droite ex-LR venez me rejoindre, la soupe est sur le feu!

Et puis, il y a de bonnes idées surtout à droite propre sur elle mais aussi à gauche chez les social-démocrates, les écolos et même, en cherchant bien, les communistes, si, si! Et donc avançons tous d’un même pas sur ces deux jambes.

Fin de l’hymne au slalom

Or, cela fait maintenant sept ans que le président nous ressort cet hymne au slalom. Et que voit-on? Au lieu de créer une synergie entre social-démocratie et libéralisme, il a additionné  les mécontentements à gauche comme à droite.

Il voulait la clarification par sa dissolution? La France risque fort d’avoir une Assemblée nationale tout aussi ingouvernable que la précédente avec des RN qui continueront à engranger des suffrages sur leur lancée.

Ce n’est pas avec son disque rayé que Macron fera chanter les lendemains.

Jean-Noël Cuénod