Entre chien et loup, les mauvais coups surgissent dans la myopie du jour qui tombe. Entre confinement et déconfinement, même constat craintif. La rue a repris ses bruits. Mais enfin, Sa Majesté Covid XIX n’a pas abdiqué. Ses sbires microbiens rôdent toujours, prêts à se saisir d’un sujet, comme ça, au vol. Ne nous voilons plus la face. Il faut avancer masqués, désormais. Haut les masques ! Neuvième série des tankas confinés-déconfinés. A lire et à ouïr.A LIRE
Je cherche ta voie
Mais tes gestes-barrières
Mettent leur holà
Douane bien gardée
Dans le creux de nos nuits
S’en laver les mains
Ponce-Pilate un modèle
Pour Covidiens
Guettent les veilleurs viraux
Croassent les corbeaux acides
Coronavirus
Enveloppé de ténèbres
Hérissé de clous
Chevalier du silence
Chevauchant notre salive
Caresse attentive
En cherchant l’ambre dans l’ombre
D’un repli de peau
La tendresse est un abri
Trésor à portée de main
Dans l’épais du soir
Je découpe les étoffes
Que tissent les rêves
S’habiller de lumière
Pour mieux revivre nu
La barque du lit
Emporte mes souvenirs
Et va les noyer
La nostalgie est un mal
Qui n’est pas nécessaire
Scènes violentes
Sur l’écran de mon plafond
Pénibles pénombres
L’arbre voisin en colère
Se bat contre un candélabre
Alerte nocturne
Vie sauvage des placards
Une souris couine
Dans la jungle des balais
Le fauve taille sa route
Dans la prison de nos masques
Nous tournons en rond
Par l’air ahuris
Lâchons l’ombre pour la proie
Mais sur quel pied danser ?
Sorti de son cadre
Le ciel s’est déployé
Comme une promesse
Sur cette terre que faire
De ce souffle retrouvé ?
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR