Entre Mélenchon qui verdit son discours et Macron qui veut donner une forme sympathique au social-libéralisme européen, il n’y a plus d’espace pour les dinosaures roses. Plus vite le cycle mitterrandien sera achevé, plus efficace sera la reconstruction de la gauche. Mourir pour renaître.Ce ne sera d’ailleurs pas la première fois. Le PS initial – né en 1905 de l’union forcée par l’Internationale entre partisans de Jaurès et de Guesde – a explosé des suites de la Première Guerre mondiale pour donner naissance au futur Parti communiste et à une nouvelle SFIO. Cette dernière s’est effondrée définitivement en 1969, après s’être déshonorée en menant la politique colonialiste de la droite durant la Guerre d’Algérie[1]. Sur ses ruines, François Mitterrand a construit son Parti socialiste qui lui a permis de rester au pouvoir pendant 14 ans, plus long règne de la Ve République. Aujourd’hui, ce PS est mort.
Les plus courageux d’entre nous ont pu le constater en suivant les débats de la primaire du Parti socialiste et de son allié radical de gauche. Qu’a-t-on subi ? Des catalogues de mesures « marketing » faites pour se démarquer du voisin : et que je te brandis le salaire universel, et que je te fais du patriotisme économique, et que je te défends – quand même – le bilan du quinquennat. Pas de colonne vertébrale. Pas de programme convainquant. Que de petites personnalités qui, visiblement, se détestent. Aucune d’entre elles ne s’est montrée capable de prendre en compte l’effondrement idéologique du Parti socialiste, sa transformation en un appareil de notables et son désintérêt pour la vraie raison d’être de tous les partis socialistes, à savoir la défense de la classe ouvrière. Aucune d’entre elles n’apparait en capacité de rassembler les électeurs.
Dès lors, lorsque Jean-Luc Mélenchon affirme qu’il représente le seul vote utile à gauche, il a raison, qu’on s’en loue ou qu’on le déplore. On peut être agacé par sa propension à pleurer sur la dépouille de Castro, mais le héraut de la France Insoumise est aujourd’hui le seul à défendre un véritable programme ancré à gauche et l’un des rares à ne pas faire de l’environnement une note en bas de page pour enjoliver un tract sur papier recyclable. Son programme pour la transition énergétique peut – et doit – être discuté mais au moins il est sérieux et bien étayé.
Surtout, Jean-Luc Mélenchon est le seul à gauche à se placer sur le terrain de la classe ouvrière pour tenter de l’arracher aux tentacules marines du Front national.
De l’autre côté du bras gauche de la rivière, Emmanuel Macron a choisi la voie ambiguë du « et de gauche et de droite ». Différent, notez-le bien, du slogan frontiste « ni gauche ni droite » ! Un volume de mesure sociale pour cinq volumes de mesures libérales. Il s’agit d’organiser la « flexisécurité » de façon à aider les salariés à affronter l’hyperglobalisation, sans chercher à mettre trop de barrières à celle-ci. Macron veut apprendre à nager aux Français et non leur garantir des acquis qu’il juge dépassés par la tempête mondiale.
En ce sens, il est en train de mettre au point un projet social-libéral qui peut séduire les cadres supérieurs, les dirigeants de la nouvelle économie et tous ceux qui espèrent recueillir les fruits de l’hyperglobalisation des échanges. On peut apprécier ou non cette démarche, mais elle aussi a sa cohérence. Toutefois, Macron laisse la classe ouvrière classique – qui n’est pas morte – dans l’ornière.
Dès lors, entre le centre-gauche social-libéral qui s’adresse aux acteurs de la nouvelle économie et la gauche rouge-verte qui s’adresse à l’ensemble des travailleurs en s’opposant frontalement à Marine Le Pen, il n’y a rien. Entre Macron et Mélenchon, entre le libéralisme teinté d’humanisme et la gauche revendicative, il faudra choisir. Ce qui reste du Parti socialiste n’est plus qu’un cadavre politique dont il convient de se débarrasser au plus vite pour ne pas éparpiller inutilement des voix. On cherche d’urgence un croque-mort
Jean-Noël Cuénod
Il n’y a pas que Mélenchon! Et Trump? Rien sur Trump?
Non rien sur Trump, il est en train de débiter son discours d’investiture. Comme sa parole ne signifie strictement rien, pourquoi l’évoquer ? Attendons les actes. Et si vous n’êtes pas fatigués du Plouc, voici le lien de l’émission « Pas de Quartier » de notre excellente et sympathique consoeur Mariama Keita sur les libres ondes de Radio-Libertaire.Cliquez sur ce lien: Elle est consacrée à quelques sombres affaires franco-suisses.
[1] Sur les diverses mues du PS français lire Le Plouc du 14 avril 2016.