L’heure du loriot va tomber du ciel
L’éclair de son vibrera dans les frondaisons
Le cosmos tiendra en une seule note
L’étang absorbera passé présent futur
Nous disparaîtrons tous pour nous reconstruire
Notre temple à chair et à sang est détruit
Dans le feu nous chercherons peaux et oripeaux
Nos yeux liquéfiés nous rendront la vue
Au fond du cœur nous trouverons de quoi aimer
Comme un pauvre tombant sur un quignon de pain
Oublié dans les replis d’un sac de hasard
Nous laisserons le lierre étouffer nos ruines
La mort a du bon quand la vie est en jeu
Dans ce monde veule et sec nous avions soif
Le christ en nous refleurira vin fraternel
L’herbe repoussera sur nos lèvres gercées
Nous serons le vent chaud caressant les épaules
La pluie tiède fécondant les labours
Et la flamme glacée protégeant les semences
Nous serons l’or fondu dans la moelle du temps
De nos ruines s’élèveront des palais
Où tous les oiseaux blessés trouveront refuge
Pour y recomposer le chant de l’univers
L’heure du loriot va monter au ciel
Jean-Noël Cuénod
Photo Jules Fouarge