Quatre mois après ta naissance, tu parais bien malmené, cher Dimanche-11-janvier. Te voilà vilipendé à Todd et à travers dans une de ces polémiques qui permettent aux acteurs médiatiques de se sentir exister. Ainsi, les quatre millions de citoyens, Français et étrangers, qui sont descendus dans la rue durant cette fin de semaine sanglante ne seraient que des jobastres manipulés par la bien-pensance médiatique. Ou pire des islamophobes qui auraient trouvé dans les massacres à Charlie-Hebdo et à l’Hyper Casher le prétexte pour assouvir leur racisme chafouin.
Je me trouvais parmi ces bataillons de gogos, perdu avec mes amis dans la masse, place de la République. A entendre les uns, les musulmans auraient boudé les cortèges. Comment se fait-il alors que j’ai vu des jeunes se revendiquant de l’islam et soutenant la liberté d’expression ? Etaient-ils si peu nombreux, que cela ne vaut même pas la peine d’en parler? Je ne sais pas. Impossible de distinguer, dans cette foule engourdie par le froid vespéral, qui relève de Voltaire et qui participe du Coran. Et tout ce que l’on peut dire à ce propos reste sujet à caution.
Et les élèves et lycéens qui ont refusé de respecter la minute de silence dédiée aux victimes? Pas question de nier leur existence. Mais en quoi cela te flétrirait, sacré Dimanche-11-Janvier? L’âge bête est éternel. L’important, c’est d’en sortir un jour. Peut-être.
A écouter les autres, tu n’étais qu’une mascarade ourdie pour amuser la galerie et faire oublier l’impopularité du président Hollande; tu n’étais que l’emblème boursouflé d’un unanimisme de façade, une sorte village Potemkine mobile.
Pour vendre des bouquins ou faire du beuze sur la Toile, il faut donc cracher sur toi, mon pauvre Dimanche-11-Janvier. Tu n’avais pourtant comme ambition que de répondre à la connerie sanguinaire par la dignité, à la fois triste et fervente. Je n’ai pas lu le moindre slogan raciste ou islamophobe sur les pancartes; je n’ai pas ouï la plus petite insulte. Je n’ai vu que des centaines de milliers d’individus qui, pour une fois, quittaient leur bulle pour constituer un peuple. Oh, certes, ce frisson républicain a vécu ce que vivent les frissons, l’espace d’un beau soir. Mais ce soir-là brûle encore dans nos cœurs à la manière d’un feu d’espoir.
Jean-Noël Cuénod
bien, sain, clair…
petite précision: j’étais à la République le 7 janvier au soir. Spontanément nous étions quelques milliers, droits mais plein de larmes, peu de mots mais tellement chargés d’un silence de plomb.
Et puis le 11… autre chose sans doute, avec quelques dévoiements, quelques chefs d’états tordus et tortionnaires présents, quelques corbeaux, quelques faux-culs (très peu:) mais une masse impressionnante de gens qui NE VOULAIENT PAS VIVRE ça, tout simplement.
« Ceux qui me critiquent n’ont pas un gros cerveau ». Cette citation est d’Emmanuel Todd, la semaine dernière, en matinales sur la radio romande. Elle dit à peu près tout du mode de pensée de son auteur. Qui quand il parle de l’Europe, tient un discours que ne renierait pas le FN, y compris celui du père. Et quand il parle du reste, passe son temps à chercher à démontrer, plutôt qu’à comprendre. Le contraire d’une démarche scientifique.
Pour le reste, je recommande vivement la lecture de son ouvrage, à toutes celles et à tous ceux qui souffrent de troubles du sommeil. Il est en effet d’une redoutable efficacité dans ce registre, et je n’avais plus rien lu d’aussi assommant depuis plusieurs années. Mieux: téléchargez des extraits, cela suffit: en général au bout de deux paragraphes, on n’y tient plus, la raison se rebiffe, l’intelligence se révolte, et la patience s’épuise.
Article fort sympathique, une lecture agréable. Ce blog est vraiment pas mal, et les sujets présents plutôt bons dans l’ensemble, bravo ! Virginie Brossard LETUDIANT.FR