En sortirons-nous un jour de ce Covid-19 ? Tout est impermanence, disait Bouddha. Même si le coronavirus tend à prolonger sa permanence dans l’impermanence, il finira par, sinon disparaître, du moins se retirer à l’arrière-plan de nos vies. La question du jour serait plutôt : comment en sortir? En frénétique amnésique ou en patient conscient? En attendant, voici la 24e série des Tankas Covidiens.
A LIRE
Un cri «haut les masques!»
La rue devient textile
Et la voix s’étouffe
Seuls sons saccadés les pas
Coursés par le couvre-feu
Paris gueule ouverte
Comme un poisson hors de l’eau
Qui se tord s’agite
Respirer quête éperdue
Mais l’air est un ennemi
Masques sur la bouche
Pour notre pif AirParif
Air en garde-à-vue
Mettre au ciel les menottes
Dans la prison des nuages
Des masques en masse
Sans les lèvres qui l’animent
Le regard est vide
La foule des poissons morts
Trottine sur les trottoirs
Course épuisante
Le virus change de masque
Plus vite que nous
Silence du couvre-feu
Que brise un ricanement
Le monde en compresse
Je marche dans du coton
Tout est sparadrap
Que d’efforts déployés
Pour arracher un sursis!
N’attendre rien
Que ta main dans la nuit
Caressant mon rêve
Et c’est le jour qui ronronne
A travers les persiennes
L’avide Covid
Nous a pris à bras-le-corps
Au pied du mur
Grimper? Sauter? Contourner?
Ou bien dynamiter?
Sur le cou du temps
Rien d’autre que mes mains
Tordre ou étrangler?
Rompre les routines
Ou asphyxier les songes?
Jean-Noël Cuénod
A OUïR