Les réseaux sociaux instillent dans nos cervelles, sous pression de Sa Malgracieuse Majesté Covid XIX, une drôle de mémoire, hachée et paradoxale. Une mémoire qui risque fort de transformer les urnes en foyers d’infection politique et de contaminer au-delà de l’hygiaphone qui jusqu’alors interdisait l’Elysée à Marine Le Pen.
Notre mémoire numérisée, gouguelisée et facebouquée découpe l’actualité en confettis, sitôt jetés sitôt oubliés, mais elle sécrète aussi de longues séquences à la manière d’interminables et poisseux filaments de barbe-à-papa.
Chaque événement est transmuté en images virales qui s’étendent à la vitesse du vertige internautique pour se perdre dans les abysses de l’oubli. Et tout aussi rapidement, un autre événement survient qui subit le même processus perpétuel.
Mais parfois, comme ces comètes qui reviennent périodiquement à la vue terrestre, un événement mis en images réapparaît avec la régularité implacable d’un métronome virtuel. La mémoire de mouche se mue alors en mémoire d’éléphant. Et même d’éléphant à l’hypermnésie compulsive, obsessionnelle.
Le montage vidéo qui fait mal
Dans les temps crépusculaires où les réseaux sociaux n’étaient qu’un rêve dans le cerveau des joueurs de ping-pong de la Silicone Valley, un politicien pouvait compter sur l’écoulement du temps pour faire oublier ses grosses bêtises, faites ou dites, voire les deux. Aujourd’hui, il ferait bien de ne plus tabler sur cet espoir.
La preuve la plus illustrative en est administrée par ce montage vidéo (voir ci-dessous). Il a été mis en ligne le 25 mars 2020 et résume les sottises et les mensonges débités par les ministres, les élus et les experts médicaux avant le premier confinement. Ce document revient actuellement sur le devant de la scène médiatique. Son succès ne se dément pas puisque je viens de le recevoir d’un internaute sur FesseBouc.
Il apparaît ainsi qu’une personnalité – le précédent premier ministre français Edouard Philippe en l’occurrence –, qui semblait s’être bien tiré de sa gestion de la pandémie, a proféré un nombre impressionnant d’âneries. Avec une assurance et une fermeté dans ses propos que la situation présente rendent consternantes.
Pour les autres, dont le président Macron, ce montage vidéo tient le rôle douloureux du couteau qui remue inlassablement une plaie qui jamais ne se referme.
Les échéances électorales s’approchent en France. Tout d’abord, les régionales maintenues à fin juin qui risquent d’être marquées par une forte abstention du fait des restrictions sanitaires réduisant la campagne électorale à un mince filet de voix. Surtout, l’élection présidentielle en avril 2022 qui sera sans doute moins perturbée puisqu’on peut espérer que la vaccination sera généralisée.
Marine Le Pen en embuscade silencieuse
Toutefois, il restera encore bien vivace, le souvenir de cette période la plus pénible que l’humanité a subie depuis la Seconde Guerre mondiale. Et ils tourneront comme sur un manège infernal, les montages vidéos mettant en scène les errances de celles et de ceux qui n’ont de « responsables » que le titre.
Le temps sera alors venu d’exercer la vengeance dans les urnes. Faire payer tous ces menteurs confits dans leur arrogance. Tentation vive de prendre un bulletin « Marine Le Pen » pour envoyer la baffe qui soulage.
La candidate du Rassemblement national semble d’autant mieux placée qu’elle prend soin d’apparaître le moins possible sous les projecteurs. De toute façon, sans qu’elle ne moufte, tout le monde ne parle que d’elle et de son silence. Mais c’est oublier que se taire reste sa compétence la plus évidente. Et que faire une campagne bouche fermée relève plus du mime que de la conviction.
Jean-Noël Cuénod
En écho à tes propos :
Transformer les urnes en foyers d’infection politique jusqu’à l’atteinte gangreneuse de notre démocratie.
Actualité en confettis, jetés avec insouciance sur les masques d’un carnaval sinistre, délétère et mortifère.
Manège infernal où les informations vraies ou fausses tournent en boucle dans le vertige internautique pour se perdre dans les abysses de l’oubli.
Sublime « pédalage dans la choucroute ».
Enivrons nous au « Riesling » pour oublier…….