Benyamin Netanyahou est un homme dangereux. Et avant tout pour le pays qu’il dirige, Israël. Des intégristes – se réclamant d’un judaïsme aussi dévoyé que l’islam des djihadistes – ont récemment brûlé l’Eglise catholique de la Multiplication[1] (photo) près du lac de Tibériade, une maison palestinienne dans laquelle un bébé palestinien de 18 mois a perdu la vie et poignardé une jeune Israélienne de 16 ans lors de la Gay Pride de Jérusalem.
Après ces attentats Netanyahou, à la fois fileur de mauvais coton et pompier pyromane avait clamé que, désormais, contre ces terroristes israéliens, c’était «tolérance zéro». Il n’aurait pas dû monter sur ses grands chevaux car il en fut aussitôt désarçonné par Shimon Pérès, ancien président de l’Etat d’Israël qui l’a rappelé à ses très lourdes responsabilités:
«Celui qui incite à la haine contre les Arabes d’Israël, qu’il ne s’étonne pas lorsqu’on incendie des églises, des mosquées et qu’à la fin on brûle un bébé dans la nuit».
En effet, jusqu’à maintenant Netanyahou a assuré l’impunité à ses extrémistes. Il semble aujourd’hui prendre enfin conscience de la gravité de ce que les médias israéliens sont pourtant les premiers à dénoncer, à savoir le «djihadisme juif». Trois terroristes israéliens viennent d’être arrêtés. Mais lorsqu’on a lâché les meutes enragées, il est bien difficile de les faire gentiment regagner leur niche.
En s’entourant d’énergumènes d’extrême-droite comme Avigdor Libermann – dont il a fait son ministre des affaires étrangères jusqu’en mai dernier – Netanyahou a cautionné la violence des propos, violence d’autant plus incitatrice au passage à l’acte qu’elle émanait des plus hautes instances du pouvoir israélien.
Cette virulence est la marque de Netanyahou qui multiplie les attitudes brutales même envers le grand – et indispensable – allié américain. Et ne parlons pas de son comportement inqualifiable à Paris lorsqu’il a incité les Français de religion juive à quitter leur pays, alors qu’il était invité par le président Hollande à participer au cortège du 11 janvier dernier. Difficile de faire plus grossier.
De même, lorsqu’il s’assoit sur toutes les résolutions des Nations-Unis en développant ses colonies en territoire palestinien, le premier ministre porte atteinte au fondement même de l’Etat d’Israël dont la création a été approuvée en novembre 1947 par cette même ONU que le gouvernement Netanyahou bafoue. Or, mépriser l’institution qui a permis la naissance de son Etat est, à terme, suicidaire. Mais notre fileur de mauvais coton a la vue trop basse pour s’en rendre compte.
Jean-Noël Cuénod
[1] Le poète Marc Delouze a écrit une très belle évocation de cette église dans son livre C’est le monde qui parle, édition Verdier, 2007. A lire, à relire.