Ariane Ferrier, un hommage

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Ainsi Ariane[1], tu ne seras pas une vieille dame. Devant ton visage de madone, le temps en est resté interdit. Piteux, il s’en est retourné avec ses âges et ses outrages. Te voilà jeune à jamais. Grâce à toi, l’éternité ne prendra pas une ride.Mais cela nous fait une belle jambe, puisque nous ne te verrons plus, puisque nous n’écouterons plus tes formules caustiques décochées de ta voix flûtée, mine de rien. Courtoisie narquoise. Nuage persiffleur dans la tasse de Darjeeling. Griffe dans la tapisserie, rue des Granges. Fêlure sur un vase de Sèvres.

Les patriciens genevois ont de l’esprit mais point d’humour, dit-on. Tu avais le bon goût de partager et l’un et l’autre. La cascade de ton rire ne sera pas tarie de sitôt. Il nous reste tes chroniques à relire et à découvrir ta « Dernière gorgée de bière », Dieu merci… Mais faut-il vraiment Le remercier ? Envie de lui faire la gueule, aujourd’hui. Car tu aurais pu en écrire tant d’autres sur l’avalanche de ridicules qui encombrent nos voies de façon bien plus massive que des amas neigeux sur la ligne du Simplon.

Tu avais le chic pour débusquer la bouffonnerie cachée sous les lourdes tentures de la componction, pour faire sortir le burlesque de ses buissons médiatiques, pour traquer le Père Ubu dans les plis de la mode.

Ariane, tu avais l’élégance de la légèreté. N’ayons pas le cœur lourd. Enfin, essayons. Pour toi.

Jean-Noël Cuénod

[1] Ariane Ferrier vient de nous quitter à 59 ans. Journaliste et chroniqueuse de talent, elle a travaillé aux quotidiens La Suisse, La Tribune de Genève, La Liberté, entre autres ainsi qu’à la Télévision suisse romande. A lire « La Dernière gorgée de bière » Éditions BSN Press qui sort aujourd’hui. Nous la boirons à sa mémoire.

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