Donald Trump emmené juste après le coup de feu © REUTERS – Brendan McDermid

Ça devait arriver un jour ou l’autre, compte tenu du nombre de dingues armés qui fourmillent aux Etats-Unis. Trump a été rattrapé par la violence politique qu’il sème tout au long de sa campagne. A Butler, en Pennsylvanie, un homme a tenté de l’assassiner en tirant sur lui. Trump est légèrement blessé à l’oreille. Le tireur a été abattu et un spectateur, tué; deux autres sont grièvement blessés.

Cette tentative d’assassinat vient scénariser un épisode de plus dans la série de dinguerie collective que nous traversons. Et voilà Donald Trump, élevé au rang de martyr, qui vient d’accomplir un grand pas vers la présidence des Etats-Unis.

Le super-choix des Etatsuniens!

D’autant plus que son adversaire démocrate, Joe Biden, n’est plus que l’ombre tremblotante du grand président qu’il fut naguère. Le voilà maintenant qui confond sa vice-présidente Kamala Harris avec son ennemi Trump et Volodymyr Zelensky avec Vladimir Poutine!

Le 5 novembre prochain, les électeurs étatsuniens auront donc le choix entre un menteur patenté condamné pour falsification comptable et un vieillard gâteux. A moins que les dirigeants démocrates ne parviennent à évincer Biden qui s’accroche désespérément aux lustres de la Maison-Blanche.

Cette situation ubuesque prêterait aux ricanements, si le président de la première puissance planète ne détenait pas une grande partie de la planète entre ses mains. De quoi cauchemarder.

Désespoir à la française

En France, la dinguerie politique continue à déprimer la population, après une dissolution expresse, l’élection d’une Assemblée nationale introuvable, l’abyssale incompétence d’un grand nombre de candidats du premier parti de ce pays, le Ramassis National (RN), sans oublier les discussions d’épiciers au sein de la gauche pour désigner celle ou celui que le président Macron ne nommera pas au poste de premier ministre.

Une récente étude menée par Verian, pour la Fondation Jean-Jaurès, sur les émotions des Français après les élections législatives confirme la déprime générale.

 Le désespoir (21% des 1000 personnes interrogées) est l’émotion la plus partagée, devant la colère, la peur et la surprise (18% chacune).

Déclin de l’Occident? Et ailleurs, c’est mieux?

Et les médias de pleurnicher à longueur d’ondes sur « le déclin de l’Occident ». Ah bon, parce que c’est mieux ailleurs? La dictature de Poutine ne cesse de visser le carcan des Russes, la Chine de Xi met les algorithmes et l’intelligence artificielle au service de la tyrannie 5.0, l’Inde de Modi conjugue hégémonie religieuse, nationalisme et contrôle des médias, l’Iran se vautre dans la mollarchie, malgré la victoire d’un président dit « libéral » qui n’a, de toute façon aucun pouvoir réel.

Et l’on pourrait allonger la liste qui démontre l’inanité, l’insanité voire la puérilité de ceux qui sont censés nous diriger. Hélas, nous leur ressemblons comme deux gouttes de sang…

Manuel de savoir-survivre en milieu chaotique

Que faire pour surmonter cette période brunâtre? Quelle hygiène mentale devons-nous développer?

Chacune, chacun sa recette. Tentons de distinguer quelques mesures d’urgence.

– Tout d’abord se débrancher des réseaux sociaux et des médias. Cela semble évident. Mais attention à ne pas faire durer trop longtemps cette diète médiatique. Les événements vont tellement vite que lorsque vous vous rebrancherez – car vous le ferez, c’est immanquable – vous serez dépassé ce qui ajoutera encore à votre dépression politique.

– S’engager dans une cause. En compagnie d’autres déprimés, vous y trouverez la chaleur des malheurs partagés. Mais là aussi, faites gaffe. Trop d’engagement peut conduire au fanatisme. S’engager, certes, mais sans laisser son cerveau au vestiaire.

– Relisez vos livres d’Histoire. Vous y redécouvrirez les cataclysmes, les catastrophes, les horreurs du temps jadis. En vous souvenant des épreuves endurées par vos grands-parents et vos ancêtres, vous relativiserez celles que vous traversez aujourd’hui.

– Découvrez les poètes, non pas pour les fleurs bleues qui n’y figurent pas – André Breton merci! – mais pour cette vision décalée qu’ils vous proposent et grâce à laquelle vous verrez plus loin et plus haut. Notre époque vous apparaitra telle qu’elle est: une phase d’un mouvement par lequel rien n’est permanent, pas même les emmerdes!

– Tombez – ou plutôt remontez – en enfance. Emerveillez-vous, comme jadis devant un papillon multicolore qui vole de fleur en fleur comme un Casanova aux ailes diaprées. Ecoutez le chant du merle, toujours moqueur, qui vous dit qu’au fond tout cela passera comme le temps des cerises.

Et enfin respirez un bon coup. L’air est plus pollué dans votre chambre que sur les grands boulevards.

Jean-Noël Cuénod