En France, il n’y a pas que la campagne. Il y a aussi la campagne. La vraie. Celle qui nous fait respirer, pas la présidentielle qui nous étouffe. Autant célébrer la clairière entre le chat Ponpon et la chorégraphe Christine Z à Beaurecueil-Forge de la Poésie. Jean-Noël Cuénod a mis en mot cette danse au centre de la forêt de Beaurecueil (Périgord Vert, Communauté de communes Dronne-et-Belle).

La clairière est l’œil de la forêt qui contemple le ciel pour en percer les présages, les sortilèges.

La clairière est la bouche de la forêt qui respire l’air du temps, de tous les temps

La clairière est l’oreille de la forêt qui capte les messages du vent, de tous les vents.

Puissance souterraine, terrestre, céleste, la forêt est tissée par les invisibles qui, au sein de son ombre, accomplissent dans le silence leur œuvre de vie.
Perpétuel grouillement de rhizomes, de racines, de mycélium et d’échanges d’ondes portées par l’haleine des arbres.

Pour se concilier les grâces de la forêt, la femme et l’animal dansent. Seule prière possible dans ce royaume sans babil.
Oublier le geste pour mieux accomplir le mouvement ;
oublier la danse pour mieux se fendre et se fondre ;
oublier ciel et sol pour mieux les tenir en une seule main ;
oublier les nuages pour mieux les dissiper ;
oublier le monde pour mieux le pénétrer ;
oublier l’amour pour mieux aimer.

Forêt, matrice d’où nous venons et vers qui nous retournerons. Clairière, notre vie qui sera recouverte un jour de chênes, de châtaigniers, d’aulne, d’épicéas, de pins, de buissons d’églantines, de fougères frémissantes, d’humus et de mousse.

Tout vibre libre comme l’air.

Jean-Noël Cuénod

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